Remettre les choses en ordre [Tora - Saga] -SUJET CLOS-

"Franchement, ca fait tellement longtemps que je n'ai pas mis les pieds dehors, encore moins au restaurant, que je ne sais pas vraiment. Je te fais confiance!"

"hum..." se contenta de grogner le barman tout en franchissant la porte de l'édifice.

Il réfléchit alors. Vu les plats qui étaient proposés au Velvet, Saga ne devait pas avoir une alimentation des plus variées...

"Un katsudon, ça te tente? Ou un truc du style." finit-il par proposer tout en se mettant en route vers Shibuya.

"Un katsudon, ça te tente? Ou un truc du style."

"Ca me va ! Je te suis."

Un izakaya ou un restaurant de râmen, ça ne coûtait jamais trop cher, Saga avait 5000 yens sur lui, ça serait suffisant pour ce genre de dépense. Il suivit donc Tora au restaurant et ils s'installèrent à une table.

"Tu n'imagines même pas depuis quand j'ai pas mis les pieds dans un resto... J'bouffe au bar du Velvet ou je commande en général. Reika fait super bien à manger et ses plats du jour, c'est toujours une tuerie."

Il attrapa la carte et se décida bien vite pour un bol de râmens, avec des gyozas et quelques tempuras. Il comptait bien profiter de cette petite sortie !

"Ca me va ! Je te suis."

Tora le guida alors dans les rues jusqu'à un petit restaurant pas trop bondé dans lequel ils purent trouver une place au fond de la salle. Il regarda alors distraitement la carte tout en écoutant Saga qui avait l'air particulièrement enjoué, ce qui faisait plaisir à voir.

"Tu n'imagines même pas depuis quand j'ai pas mis les pieds dans un resto... J'bouffe au bar du Velvet ou je commande en général. Reika fait super bien à manger et ses plats du jour, c'est toujours une tuerie."

"Ouais, il m'a expliqué le principe et m'a même proposé de cuisiner aussi mais... faut pas compter sur moi, c'est vraiment pas mon truc la bouffe."

Il opta au final pour un gyudon avec soupe miso, puis sourit à son camarade, trouvant particulièrement bizarre d'être attablé avec lui après tout ce temps, comme si de rien n'était. Mais il ne pouvait nier qu'il en était heureux. Il aurait bien entamé la conversation, mais après leurs premiers instants, il avait peur de commettre d'autres gaffes ou de se lancer sur un terrain délicat, aussi préféra-t-il garder le silence, laissant à Saga le loisir de s'exprimer sur ce qu'il souhaitait.

"Ouais, il m'a expliqué le principe et m'a même proposé de cuisiner aussi mais... faut pas compter sur moi, c'est vraiment pas mon truc la bouffe."

Saga ricana. Ouais, il se souvenait, à l'époque quand il venait chez lui et que ses parents étaient absents, c'était toujours Saga qui préparait à manger.
Un léger silence s'installa, un léger malaise était toujours présent entre eux, c'était sans doute inévitable. Ils passèrent commande et Saga reprit :

"Alors... Comment t'en es arrivé là? Qu'est ce que t'as fait après le lycée?"

Tora connaissait les grandes lignes de sa vie, mais Saga n'avait aucune idée de ce qui avait amené son ami à devenir barman.

"Alors... Comment t'en es arrivé là? Qu'est ce que t'as fait après le lycée?"

"Bah... j'ai cherché du taff."

Tora se rendit compte que le châtain n'avait aucune idée de son parcours, en fin de compte. Buvant une gorgée de sa boisson qui venait d'arriver, il se lança alors dans le récit assez succinct de sa vie.

"J'avais pas en tête de faire de grandes études tu sais, et y'avait pas grand chose qui me passionnait, à par la musique... Du coup, j'ai enchaîné les p'tits boulots en me disant que je finirais bien par trouver un truc cool et qui me plaît. J'ai fait un peu de tout, jusqu'à faire serveur, puis barman. Et c'est là que j'ai compris que c'était ça qui me convenait le mieux. Tu sais, j'ai toujours été un gars de la nuit. Alors ce monde des bars, des boîtes, des clubs, tout ça, ça me convenait bien. De temps en temps j'anime des soirées en tant que DJ aussi, c'est vachement sympa, et ça me fait toujours un peu de thune en plus. Et v'là. Y'a quelques mois, je me suis fait viré, j'ai cherché un nouveau job, le Velvet recrutait, j'avais besoin d'argent, j'ai postulé et me voilà."

En fait, sa vie n'avait absolument rien d'extraordinaire. Il lui fait un petit sourire contrit, comme pour s'excuser du fait que sa vie ne soit pas des plus intéressantes. Ah... vu ses fringues et son allure, ce Kouki devait certainement avoir bien plus à raconter et à lui faire miroiter...

"Bah... j'ai cherché du taff."

Saga ne put s'empêcher de glousser. Merci, Einstein! Il finit par lui donner davantage de détails et Saga hocha la tête. Eh bien, il avait réussi à se débrouiller mieux que lui... Enfin, Saga était persuadé qu'il aurait pu faire quelque chose de sa vie, s'il n'avait pas été si faible face au décès de ses parents...

"Je vois. Ouais ça te correspond bien. Et j'adorerais t'entendre mixer!"

Il avait une boîte, d'ailleurs, au Velvet. Un pote de Yoshiki organisait des soirées de temps en temps, Tora pourrait peut-être en faire partie... Quoiqu'il n'était pas certain qu'il ait envie de s'investir dans le bordel, ça ne semblait pas être sa tasse de thé.
Leurs plats arrivèrent à ce moment là et un silence se réinstalla entre eux. Saga n'avait jamais été très bavard, mais ces silences le dérangeaient un peu. Du temps était passé et ils n'avaient peut-être plus autant de choses à se dire qu'autrefois...

"Je vois. Ouais ça te correspond bien. Et j'adorerais t'entendre mixer!"

"Oh... bah à l'occasion si je refais ça, je t'emmènerai avec moi. Ca te fera sortir un peu, comme ça."

Leur repas arriva alors il se mirent à manger en silence. Le brun ne savait toujours pas vraiment sur quel terrain s'engager pour lancer la conversation. Il aurait bien des questions à lui poser concernant sa vie au Velvet et son "travail", mais il se doutait bien que ce n'était pas du tout une bonne idée d'essayer de le lancer là-dessus. S'il lui avait proposé de venir manger au restaurant avec lui, c'était justement pour lui aérer l'esprit. Il pourrait bien évoquer sa passion, la musique. Mais cela lui rappellerait sans doute qu'il n'a pas réussi dans ce qu'il avait entreprit. Et parler de Kouki... il n'en avait clairement pas envie.

Aussi leur repas se poursuivit dans un silence quelque peu pesant, malgré les petits sourires qu'il s'efforçait de lui lancer pour lui montrer que tout allait bien, malgré tout. Leurs bols vidés, ils quittèrent leur place d'un commun accord et Tora se dirigea vers le comptoir, prenant soin de payer pour eux deux, malgré les protestations de Saga.

"Oh... bah à l'occasion si je refais ça, je t'emmènerai avec moi. Ca te fera sortir un peu, comme ça."

"Ouais, avec plaisir."

Ni l'un ni l'autre ne parvint à réellement trouver un sujet de conversation. Plusieurs fois, Saga essaya de lancer quelque chose, avant de se raviser. Il avait peur de faire une bourde, ne savait pas trop quoi dire, alors le repas se passa en silence. Eh bien... Ce n'était pas demain la veille que leur relation redeviendrait la même qu'auparavant...
Ils terminèrent leurs plats et se dirigèrent vers la caisse. Saga avait sorti son porte-feuille mais Tora s'empressa de tout payer.

"Hey mais... J'avais prévu de payer ma part!"

Peine perdue, le barman avait déjà réglé la note et Saga grogna en rangeant son argent.

"Merci pour le repas... Je n'avais pas prévu que tu m'invites!"

Une fois dehors, il se ralluma une clope et ils reprirent le chemin du Velvet.

"J'ai pas envie de bosser... Je prends mes congés comme je l'entends, tant que ça dépasse pas deux jours dans la semaine. Je vais sans doute passer l'après midi à composer... Mais des fois, ça me déprime de me dire que les morceaux que j'écris seront jamais utiles à personne..." lança Saga de lui même, histoire de faire la conversation.

"Merci pour le repas... Je n'avais pas prévu que tu m'invites!"

"C'est rien. T'as besoin d'économiser pour te casser de là, non? Et moi je suis pas à quelques yens près, alors t'inquiète..."

"J'ai pas envie de bosser... Je prends mes congés comme je l'entends, tant que ça dépasse pas deux jours dans la semaine. Je vais sans doute passer l'après midi à composer... Mais des fois, ça me déprime de me dire que les morceaux que j'écris seront jamais utiles à personne..."

Tora lui donna un coup d'épaule pour le bousculer gentiment.

"Arrête de dire des conneries. Tu sais pas de quoi le futur est fait. Si ça se trouve, elles finiront par sortir quelque part, tes compos. Et p'tètre même que ce sera toi qui les jouera. Perds pas espoir." essaya-t-il de le remonter.

S'il partait déjà défaitiste, il n'était pas prêt de s'en sortir. Il fallait qu'il continue de croire en son rêve, qu'il trouve un autre boulot, un logement, et là tout redeviendrait possible.
Sortant à son tour une cigarette, il recracha quelques bouffées avant de demander:

"Au fait... pourquoi t'as jamais suggéré qu'on monte un groupe, toi et moi? On aurait pas eu trop de mal à trouver d'autres musiciens..."

"C'est rien. T'as besoin d'économiser pour te casser de là, non? Et moi je suis pas à quelques yens près, alors t'inquiète..."

"Merci. J'suis pas très doué pour économiser, à vrai dire..."

"Arrête de dire des conneries. Tu sais pas de quoi le futur est fait. Si ça se trouve, elles finiront par sortir quelque part, tes compos. Et p'tètre même que ce sera toi qui les jouera. Perds pas espoir."

"J'adore l'idée, vraiment. J'y ai cru longtemps. Mais maintenant, je commence un peu à perdre espoir..!"

"Au fait... pourquoi t'as jamais suggéré qu'on monte un groupe, toi et moi? On aurait pas eu trop de mal à trouver d'autres musiciens..."

"J'voulais. Mais j'ai jamais pu trouver des gens qui m'auraient semblé aussi motivés que nous, au lycée, pour tout le monde, c'était juste un moyen de se détendre pendant leurs études. Alors que ça aurait été plus important pour moi. Je m'étais dis qu'on essaierait de faire ça après, quand on aurait avancé dans nos études, tous les deux..."

Il soupira. Les choses ne s'étaient pas vraiment passées comme il l'aurait pensé.

"Merci. J'suis pas très doué pour économiser, à vrai dire..."

"Ouais, j'ai déjà pu le remarquer. Mais avec toutes les années passées là et pas de loyer à payer, tu dois bien déjà avoir un petit paquet de côté, non?"

Si en plus il arrivait à se dégoter un autre boulot, il devrait pouvoir se prendre un studio ailleurs sans souci.

"J'adore l'idée, vraiment. J'y ai cru longtemps. Mais maintenant, je commence un peu à perdre espoir..!"

"Faut pas mec. Si t'as pu d'espoir, alors tu te sortiras jamais de cette merde. Faut pas que tu perdes de vue tes rêves. Tant que t'es pas mort, c'est réalisable. C'est tout ce qu'il fait se dire."

Il se rapprochaient inexorablement du Velvet, et il voyait bien que Saga y retournait à reculons.

"J'voulais. Mais j'ai jamais pu trouver des gens qui m'auraient semblé aussi motivés que nous, au lycée, pour tout le monde, c'était juste un moyen de se détendre pendant leurs études. Alors que ça aurait été plus important pour moi. Je m'étais dis qu'on essaierait de faire ça après, quand on aurait avancé dans nos études, tous les deux..."

"Ca aurait quand même pu être sympa, pour commencer. Ca aurait pu être un tremplin pour te faire remarquer par d'autres groupes plus compétents."

Mais les choses s'étaient passées autrement, et le brun ne voulait pas revenir là dessus, au risque de blesser son ami une nouvelle fois ou de lui rappeler qu'il avait foiré sur toute la ligne. Arrivés devant le bâtiment, il termina sa cigarette devant l'entrée, avant de laisser Saga passer la porte pour rentrer à sa suite.

"Ouais, j'ai déjà pu le remarquer. Mais avec toutes les années passées là et pas de loyer à payer, tu dois bien déjà avoir un petit paquet de côté, non?"

Saga eut un léger rire, un peu gêné. Ah, s'il savait...

"Pas vraiment, non..."

Ses payes ne faisaient jamais long feu. Il était tellement frustré de passer sa vie dans cet endroit, de devoir servir des hommes qu'il méprisait rien que parce qu'il avait passé la porte du Velvet que le moindre centime qui entrait en sa possession était immédiatement dépensé dans de la musique, des instruments ou des accessoires.

"Faut pas mec. Si t'as pu d'espoir, alors tu te sortiras jamais de cette merde. Faut pas que tu perdes de vue tes rêves. Tant que t'es pas mort, c'est réalisable. C'est tout ce qu'il fait se dire."

"T'as sans doute raison... J'ai un peu de mal à voir les choses aussi bien, désolé..."

"Ca aurait quand même pu être sympa, pour commencer. Ca aurait pu être un tremplin pour te faire remarquer par d'autres groupes plus compétents."

"J'aurais adoré ça... Nos musiques se sont toujours plutôt bien complétées, en plus..."

Ils étaient arrivés devant le Velvet et Saga soupira en regardant la devanture, écrasant sa clope sous sa chaussure avant d'entrer dans l'établissement. Il allait se terrer dans sa chambre, ou il restait au bar avec Tora?

"Pas vraiment, non..."

Tora fronça les sourcils à sa réponse. Il faudrait qu'il voit avec lui combien il avait déjà mis de côté et qu'il le surveille, car il se souvenait que quand ils étaient jeune, le châtain dépensait sans compter dès qu'il s'agissait de musique.

"J'aurais adoré ça... Nos musiques se sont toujours plutôt bien complétées, en plus..."

"Comme je t'ai dis, rien n'est jamais trop tard Saga. Tant qu'il y a de la vie, y'a de l'espoir!"

Et il était bien décidé à le pousser vers l'avant pour qu'il remonte la pente. Peu importe le nombre d'années qui s'étaient écoulées et le fossé qui s'était creusé entre eux. Ils rentrèrent finalement dans le bâtiment et s'avancèrent vers le bar. Tora passa alors son bras autour des épaules de Saga pour une accolade furtive, lui murmurant :

"Et puis, je suis là, maintenant, Saga. T'es plus tout seul, okay..?"

Il se recula tout aussi rapidement, avant de partir reprendre sa place derrière le comptoir, lançant un regard interrogatif au plus jeune.

"Tu veux un café?"

"Comme je t'ai dis, rien n'est jamais trop tard Saga. Tant qu'il y a de la vie, y'a de l'espoir!"

"Oui, tu as raison."

Il allait falloir qu'il se prenne un peu en main... Malgré tout son dégoût, il se laissait vivre sans rien faire depuis trop longtemps.
Ils s'avancèrent vers le bar et Tora passa un bras autour de ses épaules, le serrant quelques secondes contre lui, Saga sentant son coeur rater un battement.

"Et puis, je suis là, maintenant, Saga. T'es plus tout seul, okay..?"

Touché, le châtain hocha la tête.

"Merci..." murmura-t-il simplement.

"Tu veux un café?"

"Ah... Volontiers."

Remit de sa surprise, il suivit son ami et s'installa au comptoir.

"Merci..."

Tora lui répondit d'un large sourire plein de soutien et d'espoir. Il n'allait pas laisser son ami dans ce pétrin. Malgré les remontrances de Kouki, il était loin d'être sans coeur et d'avoir oublié tout ce qu'ils avaient vécus, ensemble, dans leurs plus jeunes années. Et une petite part de lui désirait retrouver cette complicité passée. Même s'il avait encore du mal à se faire à l'idée que cet homme qu'il avait touché vendait maintenant son corps à de parfaits inconnus.

"Ah... Volontiers."

Le barman alla alors à la machine faire couler le café dans la tasse qu'il avait saisie au passage, puis le posa devant lui, s'asseyant sur le tabouret face à lui. Les clients ne se bousculaient pas trop, le milieu d'après-midi était en général une période creuse. Ils pouvaient donc en profiter pour passer un peu de temps ensemble, si tant est qu'ils trouvent quoi se dire...

Après un temps de silence que Tora passa à jouer un peu nerveusement avec une dosette de sucre, il
se lança :

"Dis... tu penseras à me filer des CV? A l'occase quand j'aurais un jour de repos j'irai voir d'anciens collègues et je leur filerai."

Le bar était plutôt désert et Saga regardait depuis maintenant quelques minutes Tora jouer avec une dosette de sucre, avant qu'il ne prenne la parole.

"Dis... tu penseras à me filer des CV? A l'occase quand j'aurais un jour de repos j'irai voir d'anciens collègues et je leur filerai."

"Ah ouais, ça serait cool. Merci. Mais... Je ne sais pas trop quoi mettre, par rapport à mon.. Expérience ici..."

Il n'avait clairement pas envie de balancer qu'il s'était prostitué pendant autant de temps !

"Et l'ennui, c'est que j'ai pas les moyens de payer un logement si je suis pas ici..."

"Ah ouais, ça serait cool. Merci. Mais... Je ne sais pas trop quoi mettre, par rapport à mon.. Expérience ici..."

"Hum..." réfléchit le brun un instant. "C'est mieux si tu le mentionnes pas, ouais. Tu peux toujours mettre "service à la personne", ça reste vague, et c'est en partie ce que tu fais, non? T'as qu'à dire que t'as travaillé dans des combinis et trucs du genre, ils iront pas vérifier."

"Et l'ennui, c'est que j'ai pas les moyens de payer un logement si je suis pas ici..."

"Bah, t'as quand même bien assez pour te payer un ou deux mois de loyer, le temps que la première paye arrive, non? T'as combien là sur ton compte?" demanda-t-il sans gêne, le regardant sérieusement.

"Hum... C'est mieux si tu le mentionnes pas, ouais. Tu peux toujours mettre "service à la personne", ça reste vague, et c'est en partie ce que tu fais, non? T'as qu'à dire que t'as travaillé dans des combinis et trucs du genre, ils iront pas vérifier."

"Ouais, t'as pas tort. Pas question que je parle de réellement de ce que je fais ici... J'ai pas envie que ce job de merde me poursuive dans l'avenir..."

"Bah, t'as quand même bien assez pour te payer un ou deux mois de loyer, le temps que la première paye arrive, non? T'as combien là sur ton compte?"

"Tora... J'suis très loin d'avoir assez pour me payer un quelconque loyer... J'ai à peine 45 000 yens sur mon compte, je vais pas loin."

Apparemment, il ne se rendait pas compte de l'état catastrophique de ses finances. Alors oui, il était bien payé, mais il flambait tout en quelques jours. Et il était souvent à découvert à la fin du mois.

"Ouais, t'as pas tort. Pas question que je parle de réellement de ce que je fais ici... J'ai pas envie que ce job de merde me poursuive dans l'avenir..."

"Non, et surtout que si ça se sait, y'en a qui n'hésiteront pas à te faire chier pour baiser avec toi. T'as quand même une belle gueule, alors si tu veux pas être harcelé, vaut mieux que tu gardes ça secret."

"Tora... J'suis très loin d'avoir assez pour me payer un quelconque loyer... J'ai à peine 45 000 yens sur mon compte, je vais pas loin."

Tora se raidit soudain à sa réponse, le regardant complètement stupéfié avant de fulminer :

"QUOI!? Mais t'es sérieux?! T'as que ça sur ton compte? Mais putain..."

Il lui lança un regard désespéré. Ce mec était irrécupérable.

"Saga, tu te plains de ce boulot de merde, mais à côté de ça, tu fais rien pour t'en sortir! Depuis le temps que t'es ici, t'imagines combien de thune tu pourrais avoir si t'avais fait un tant soit peu gaffe?! Limite tu pourrais vivre plus d'un an en te tournant les pouces avec tout ce que t'as du gagner!"

Il poussa un soupir exaspéré avant de tendre la main vers lui, grognant d'un ton sans appel :

"Ta carte de crédit."

"Non, et surtout que si ça se sait, y'en a qui n'hésiteront pas à te faire chier pour baiser avec toi. T'as quand même une belle gueule, alors si tu veux pas être harcelé, vaut mieux que tu gardes ça secret."

Saga ricana à ces mots.

"Je vais prendre ça comme un compliment."

Mais pas question de continuer à faire ça une fois sorti de cet endroit, il avait donné...

"QUOI!? Mais t'es sérieux?! T'as que ça sur ton compte? Mais putain..."

"Je sais... Tu sais que je sais pas économiser... Ca s'est pas arrangé avec le temps..."

"Saga, tu te plains de ce boulot de merde, mais à côté de ça, tu fais rien pour t'en sortir! Depuis le temps que t'es ici, t'imagines combien de thune tu pourrais avoir si t'avais fait un tant soit peu gaffe?! Limite tu pourrais vivre plus d'un an en te tournant les pouces avec tout ce que t'as du gagner!"

"Ouais.. J'ai déjà fais le calcul... C'est un peu déprimant..."

"Ta carte de crédit."

"Quoi? Mais... Attends, j'ai besoin de racheter des cordes pour ma basse... Et mon ampli commence à fatiguer je peux pas..."

Le regard de Tora était cependant déterminé et Saga soupira. Il avait raison, c'était le seul moyen pour qu'il arrive à économiser un tant soit peu.

"Ok..." finit-il par capituler en posant la carte dans sa main.

Ah, ça allait lui faire bizarre...

"Je sais... Tu sais que je sais pas économiser... Ca s'est pas arrangé avec le temps..."

"Ouais... t'es un putain d'acheteur compulsif... Je le savais déjà, mais je me doutais pas que c'était à ce point!"

"Ouais.. J'ai déjà fais le calcul... C'est un peu déprimant..."

Il voulait bien le croire. Lui-même ne préférait même pas essayer de calculer, ou il aurait sans doute une forte envie de lui botter le cul.

"Quoi? Mais... Attends, j'ai besoin de racheter des cordes pour ma basse... Et mon ampli commence à fatiguer je peux pas..."

Tora ne céda pas devant ses protestations. S'il le laissait faire, dans dix ans il serait encore là. Saisissant alors la carte qu'il lui tendait à contre coeur, il la glissa au fond de la poche arrière de son jean, avant de demander :

"Le code?"

Une fois les numéros obtenus et notés sur un bout de papier qu'il fourra dans sa poche, il décréta :

"Bien. Je retirerais un peu toute les semaines pour te donner de l'argent de poche. Et faudra que tu te démerdes avec ça."

"Le code?"

"Quoi? Pourquoi le code?"

Il essaya encore de protester, mais Tora n'en démordait pas et, une nouvelle fois, il finit par céder, lui révélant les numéros qui composaient son code secret.

"Bien. Je retirerais un peu toute les semaines pour te donner de l'argent de poche. Et faudra que tu te démerdes avec ça."

"Bon sang, tu viens de me foutre sous tutelle..." grogna le châtain.

Enfin au moins, il allait bien être forcé d'économiser... Mais la méthode était un peu radicale... Il savait qu'il ne tarderait pas à venir supplier son ami de lui rendre sa carte, de lui retirer plus d'argent... Il avait vraiment besoin de nouvelles cordes!

"J'ai jamais été foutu d'économiser ça va me faire bizarre..." soupira-t-il en terminant son café.

"Bon sang, tu viens de me foutre sous tutelle..."

"Arrête de râler, tu me remercieras plus tard..." soupira Tora en voyant Saga ruminer.

Il n'aimait pas forcément lui faire ça, et savait qu'il allait sûrement être encore plus de mauvaise humeur après ça de jour en jour, mais s'il ne prenait pas de solution radicale, jamais les choses ne bougeraient. Au moins là son compte allait pouvoir de renflouer un peu. Et tant pis pour tous ses beaux accessoires qu'il ne pourrait pas s'offrir temporairement. Il comblerait sa frustration en composant, voilà tout.

"J'ai jamais été foutu d'économiser ça va me faire bizarre..."

"J'suis désolé. Ca m'enchante pas non plus, mais c'est pour toi que je fais ça. Tu peux bien survivre quelques mois sans faire de gros achats. T'as suffisamment de matériel à ta disposition pour t'en sortir, même sans rien acheter pendant quelques mois. Et en attendant, on va te trouver un nouveau taff."

Avant toute chose, c'était ça le plus important, lui trouver un autre job que celui qu'il avait actuellement. Après, ils auraient toujours le temps d'aviser.

"Arrête de râler, tu me remercieras plus tard..."

"Oui, sans doute..." soupira le châtain, tout de même un peu dépité.

"J'suis désolé. Ca m'enchante pas non plus, mais c'est pour toi que je fais ça. Tu peux bien survivre quelques mois sans faire de gros achats. T'as suffisamment de matériel à ta disposition pour t'en sortir, même sans rien acheter pendant quelques mois. Et en attendant, on va te trouver un nouveau taff."

"J'ai toujours besoin de nouveaux trucs... Mais t'as raison, il faut que j'me casse d'ici. Et c'est le seul moyen pour que j'y arrive. Alors, je suppose que je dois te remercier..."

Mais il allait vite devenir dingue, c'était évident... Et il se voyait déjà le supplier pour avoir quelques yens supplémentaires!

"J'ai toujours besoin de nouveaux trucs... Mais t'as raison, il faut que j'me casse d'ici. Et c'est le seul moyen pour que j'y arrive. Alors, je suppose que je dois te remercier..."

Saga n'accueillait pas sa décision de gaieté de coeur et ne cessait de rouspéter et grommeler qu'il aurait besoin de ci ou de ça très bientôt. Tora le regardait avec un petit sourire amusé, le laissant se plaindre un moment, avant de finir par lui jeter un torchon à la figure.

"Aller, tu vas t'y faire! Cesse tes jérémiades, et pense plutôt à la vie qui t'attendra après ça! Reprends-toi bon sang!"

Il n'eut pas le loisir de continuer leur discussion, des clients arrivaient. A partir de maintenant, il allait sûrement être occupé jusqu'à la fin de la soirée, et aurait sans doute peu de temps à accorder au musicien.