Besoin d'une femme [Aoi/Uruha] -SUJET CLOS-

Après cette aventure pour le moins particulière avec Uruha, Aoi retourna à sa vie paisible et monotone, se promettant de ne plus jamais remettre les pieds au Velvet. Bien évidemment, il avait apprécié coucher avec le prostitué, mais il savait également que nul avenir constructif ne pouvait être envisageable avec lui -ni avec aucun autre des hommes présents là-bas- aussi préférait-il l'oublier une bonne fois pour toutes, et les mois passèrent sans qu'ils ne soient amenés à se revoir.

C'était bien évidemment sans compter sur son travail. D'importantes négociations devaient se faire avec plusieurs partenaires, et en cette occasion un dîner de gala était organisé, auquel était conviées les épouses et compagnes des salariés afin de rendre le tout plus convivial. Cela n'enchanta guère le brun qui se tortura l'esprit afin de savoir qui il pourrait bien emmener pour lui tenir compagnie. Il avait bien pensé demander à l'une de ses amies proches de jouer ce rôle, mais à coup sûr celle-ci, s’apitoyant sur sa condition de célibataire endurci, ne manquerait pas de lui présenter nombre de copines de sa connaissance pour tenter de le mettre en couple, ce qui ne serait que pure perte de temps, bien évidemment.

Alors que tous ses collègues ne parlaient que de cette soirée, ventant les tenues de leurs femmes qui se pareraient de leurs plus beaux atouts, qu'ils venaient de conduire dans telle ou telle boutique pour qu'elle s'achète une robe, une paire de chaussures, ou une parure de bijoux hors de prix, Aoi se faisait discret, se contentant de leur adresser des sourires gênés quand ils lui demandaient s'ils auraient cette fois-ci l'occasion de le voir au bras d'une demoiselle ou s'il serait désespérément seul, comme à chaque fois.

Alors qu'il était une nuit allongé dans son lit à se retourner sans cesse, tracassé à voir la date fatidique se rapprocher, une idée lui traversa soudain la tête. Uruha... ne lui avait-il pas dit que dans ses plus jeunes années il avait joué les escort girl pour de riches hommes d'affaire? Il chassa bien vite cette idée de sa tête. Hors de question qu'il reprenne contact avec lui. Déjà, il refuserait sûrement, n'ayant aucun intérêt à lui rendre service. Ensuite, il y avait toujours le risque qu'on découvre la supercherie. Et il ne pouvait pas prendre ce risque.


Deux jours plus tard, il était devant les portes du Velvet, jetant des regards inquiets tout autour de lui avant de franchir les portes de l'édifice discrètement. En fin de compte, il ne savait même pas si sa demande serait acceptée. Avait-il le droit de "louer" les services d'un prostitué pour une soirée si ce n'était pas pour coucher avec lui?

Se dirigeant immédiatement vers le bureau de Yoshiki, il attendit que celui-ci soit libre pour s'entretenir avec lui sur ses intentions, lui expliquant rapidement ce qu'il attendait d'Uruha, et c'est légèrement soulagé qu'il ressortit de la pièce en apprenant que cela ne posait aucun problème et ne lui reviendrait même pas aussi cher qu'il l'avait craint au premier abord. Maintenant, restait la tâche la plus difficile : convaincre Uruha. Il repartit alors s'installer au bar, promenant son regard dans la salle. Nulle trace du rouquin. Il devait être déjà occupé, sans aucun doute... Commandant un cocktail le temps de patienter, il prit son mal en patience, attendant qu'il fasse son apparition.

Ces retrouvailles avec Aoi avaient laissées Uruha perturbé pendant quelques jours. Et puis, il était passé à autre chose. Il n'avait pas besoin de changer ses habitudes. Ce type lui avait pourri la vie pendant toutes ses années lycée et maintenant, il revenait comme un fleur lui dire qu'il avait fait ça parce qu'il l'aimait? Eh bien, Uruha était à louer, mais pas à vendre. Et même s'il avait prit le temps de la réflexion, il n'était absolument pas prêt à se donner à un homme.

De toute façon, Aoi semblait en être arrivé à la même conclusion puisqu'il ne se présenta pas au Velvet à nouveau. Uruha finit donc par l'oublier, reprenant sa vie normalement sans plus penser au brun.
Plusieurs mois s'étaient écoulés avant qu'il ne revoit finalement Aoi. Le châtain redescendait des chambres, en même temps qu'Hiroto à qui il tentait de remonter le moral. Ce dernier avait eu un véritable coup de coeur pour l'un de ses clients et désespérait de continuer à côtoyer d'autres hommes. Cependant, il s'arrêta au beau milieu d'une phrase en relevant la tête, croisant le regard d'Aoi, assit à une table.

"Tu m'excuses, je dois aller voir quelqu'un..."

Il abandonna là son collègue et alla s'asseoir en face du brun, un léger sourire amusé aux lèvres.

"Je ne pensais pas te revoir ici... Tu as besoin de mes services?"

Il n'était absolument pas contre coucher avec lui encore. Surtout que la dernière fois avait été... Courte. Tant qu'il n'essayait pas de l'enlever en lui promettant le mariage, Uruha s’accommodait assez bien de sa présence, malgré la discussion un peu houleuse qu'ils avaient eu la dernière fois. Et il trouvait très drôle que cet ancien homophobe vienne rechercher ses services.

Enfin, l'androgyne fit son apparition en compagnie d'un autre employé qu'il quitta sur le champ lorsqu'il le vit, venant le rejoindre sans plus attendre avec son éternel sourire aguicheur sur les lèvres.

"Je ne pensais pas te revoir ici... Tu as besoin de mes services?"

Aoi soupira. Toujours aussi direct. Il esquissa un petit sourire et hocha alors la tête. Après tout, c'était bien pour cette raison qu'il était ici. Il espérait juste qu'il ne soit pas déçu en apprenant que le service en question ne comportait pas de partie de jambes en l'air.

"Oui, exactement. J'aimerais que tu m'accompagnes à une soirée très importante donnée par mon entreprise. Un restaurant huppé sera spécialement réservé pour que nous puissions y passer la soirée." Lui annonça-t-il, priant intérieurement qu'il ne refuse pas sans même prendre le temps de la réflexion. "Chaque salarié est invité à amener la personne qui partage sa vie. Comme tu le sais, je n'ai personne. J'ai donc pensé à toi, puisque tu m'avais signalé qu'avant de finir ici tu avais exercé l'activité d'escort..."

Il reporta sur lui son regard plein d'espoir, sentant son coeur s'emballer à se retrouver de nouveau face à lui. Bon sang, sa beauté n'avait d'égal à ses yeux et il avait le sentiment qu'il était encore plus beau que la dernière fois. Vêtu d'une robe, nul doute que l'illusion serait parfaite.

Uruha vit Aoi hocher la tête et son sourire s'agrandit. Eh bien, il n'aurait vraiment pas pensé qu'il reviendrait ici !

"Oui, exactement. J'aimerais que tu m'accompagnes à une soirée très importante donnée par mon entreprise. Un restaurant huppé sera spécialement réservé pour que nous puissions y passer la soirée."

Uruha haussa un sourcil. Il voulait qu'il l'accompagne à une soirée de travail? Il était prêt à faire son coming out, c'est ça?

"Chaque salarié est invité à amener la personne qui partage sa vie. Comme tu le sais, je n'ai personne. J'ai donc pensé à toi, puisque tu m'avais signalé qu'avant de finir ici tu avais exercé l'activité d'escort..."

"Ah putain, tu veux que je joue le rôle de ta meuf..." comprit-il enfin en soupirant.

Il s'était juré de ne plus le faire. Parce qu'il trouvait ça idiot de ne pas assumer son homosexualité, parce qu'après, les gens voulaient revoir "la fille qui t'accompagnait ce soir là" et qu'Uruha se retrouvait obligé de jouer un rôle sur le long terme. Bon, ça faisait plus ou moins partie de son contrat, lorsqu'il avait signé ici, Yoshiki avait vu cette activité sur son CV et il lui avait demandé si, ici aussi, il pourrait l'exercer selon la demande. Uruha avait accepté et si Aoi insistait, il accepterait.

"Tu préfères pas assumer ce que tu aimes vraiment? J'peux t'accompagner en tant que ton mec, non?"

Uruha compris très rapidement ce qu'Aoi attendait de lui, mais cela n'avait guère l'air de l'enchanter.

"Ah putain, tu veux que je joue le rôle de ta meuf..."

"Tu as tout compris!" lui répondit le brun avec un large sourire. "J'en ai déjà parlé à Yoshiki et ça ne pose aucun problème." l'informa-t-il même s'il se doutait qu'il devait bien être au courant des termes de son contrat.

"Tu préfères pas assumer ce que tu aimes vraiment? J'peux t'accompagner en tant que ton mec, non?"

Le plus âgé fronça alors les sourcils. Visiblement, ça ne l'enchantait vraiment pas. Etait-ce le fait de se travestir en femme qui le gênait, ou de devoir passer la soirée entière en sa compagnie?

"Dans ce cas, je préfères encore y aller tout seul, merci." grommela-t-il entre ses dents.

Tout compte fait, ça avait sans doute été une erreur de revenir ici. Uruha n'allait certainement pas sauter de joie à l'idée de le revoir, d'autant plus si ce n'était pas pour du sexe, et il risquait bien plus que tout se passe mal en le présentant à ses collègues de bureau plutôt que d'y aller seul et subir leurs réflexions.

"Je... je ne sais même pas pourquoi j'ai pensé à toi, désolé..." finit-il par souffler en avalant ce qu'il restait de son cocktail avant de se lever. "J'irai seul, ou je demanderai les services d'une vraie fille, ce sera moins risqué. Désolé de t'avoir fait perdre ton temps, Uruha."

Même si ce dernier avait accepté, Aoi venait de se dire qu'il n'était pas à l'abri que l'androgyne lui joue un mauvais tour pour se venger de tout ce qu'il lui avait fait subir dans le passé. Ce serait tellement facile, de l'humilier devant tous ses collègues... C'était en fin de compte un trop gros risque à prendre, et Uruha n'était absolument pas la personne appropriée pour venir avec lui à un diner d'affaire, tout aussi séduisant qu'il soit.

"Dans ce cas, je préfères encore y aller tout seul, merci."

"Bon, bon... Ok. J'aurais essayé. Mais tu te sentirais mieux à dire la vérité."

Il s'apprêtait à demander des détails sur la soirée en question lorsqu'Aoi sembla changer d'avis, terminant son verre avant de se lever.

"Je... je ne sais même pas pourquoi j'ai pensé à toi, désolé... J'irai seul, ou je demanderai les services d'une vraie fille, ce sera moins risqué. Désolé de t'avoir fait perdre ton temps, Uruha."

Uruha haussa un sourcil. Il lui faisait si peur que ça? Pourtant, ce n'était pas lui qui avait été un véritable tyran, toutes ces années.

"T'as pensé à moi, parce que je suis un professionnel... Je sais pas de quoi t'as peur mais jamais personne n'a eu à se plaindre de mes talents d'escort... Enfin, si tu changes d'avis, tu sais où me trouver!" lança-t-il en se levant à son tour.

Il n'allait pas lui courir après, et encore moins le supplier de l'accompagner. S'il n'avait pas le cran d'aller au bout de ses idées, il ne pouvait rien de plus pour lui.

"T'as pensé à moi, parce que je suis un professionnel... Je sais pas de quoi t'as peur mais jamais personne n'a eu à se plaindre de mes talents d'escort... Enfin, si tu changes d'avis, tu sais où me trouver!"

Un dernier regard jeté au châtain, et Aoi avait quitté le Velvet, pas plus avancé qu'avant.

Il passa les jours suivant à rechercher une femme susceptible de jouer la petite amie parfaite à cette réception. Il s'était même rendu sur place plusieurs fois pour les rencontrer et avoir un premier aperçu, mais à chaque fois en vain. Aucune ne correspondait réellement à ses critères et il ne se voyait au bras d'aucune d'elles. De quoi allaient-ils bien pouvoir parler tout au long du repas si leur rôle tenait plus de celui d'une potiche qu'autre chose? Elles étaient jolies, certes, mais elles ne connaissaient rien de lui et risquaient de faire une gaffe à tout moment.

C'est encore plus dépité qu'avant qu'il retourna alors au Velvet, en désespoir de cause. S'installant dans la salle, il attendit une nouvelle fois qu'Uruha daigne se montrer, refusant poliment les avances qu'on lui faisait. Quand enfin celui-ci apparut, il se leva presque d'un bond pour s'avancer droit vers lui, se plantant face à lui l'air très sérieux.

"C'est d'accord. Tu es celui qui saura sans doute le mieux jouer ce rôle à mes côtés. Vendredi, 19 heures, ça t'ira?"

Sans plus accorder d'attention à Aoi, Uruha était retourné aux côtés d'Hiroto et le brun avait disparu. Une petite semaine s'écoula avant qu'il ne revienne et cette fois, il vint à sa rencontre avant même qu'Uruha ne le remarque dans le bar.

"C'est d'accord. Tu es celui qui saura sans doute le mieux jouer ce rôle à mes côtés. Vendredi, 19 heures, ça t'ira?"

Uruha soupira. Il aurait préféré qu'il trouve une autre solution et ne pas avoir à faire ça mais ça faisait partie de son travail et il hocha la tête.

"Passe me prendre. Tu as des exigences vestimentaires?"

Au moins, ça le changerait un peu de son quotidien. Et cette soirée pourrait être amusante. S'il se débrouillait bien, il pourrait peut-être même faire finir Aoi dans son lit.

"Passe me prendre. Tu as des exigences vestimentaires?"

Aoi grimaça aux mots d'Uruha. Dans sa bouche, cette expression sonnait tout autre...

"Eh bien..." réfléchit un instant le brun qui n'avait aucune idée de ce qui convenait le mieux pour une telle circonstance, essayant de se rappeler des conversations de ses collègues. "Quelque chose d'élégant et de sobre à la fois, si tu as."

Il espérait secrètement qu'Uruha ait tout ce dont il avait besoin et qu'il ne soit pas obligé de l'emmener faire du shopping, ou cela risquerait de lui coûter un bras. Heureusement, la garde robe de l'androgyne semblait bien fournie et il ne témoigna pas du désir de faire quelque emplette que ce soit.

Cet arrangement conclu, Aoi retourna voir le directeur de la maison close afin de tout régler et "réserver" Uruha pour la fameuse soirée, avant de rentrer chez lui, le coeur un peu plus léger.

Le jour J arriva enfin et le brun se permit de taquiner ses collègues en leur laissant sous entendre avant de rentrer chez lui qu'ils pourraient bien être surpris. De retour à son appartement, il prit le temps de se préparer -même s'il était hors de question qu'il se maquille pour une soirée professionnelle- se contentant de prendre une douche et enfiler une tenue discrète mais seyante, restant au naturel, ses cheveux flottant librement sur ses épaules, ne s'en trouvant pas moins séduisant. Tandis que l'heure approchait, il partit pour le Velvet non sans une certaine appréhension. Et si Uruha avait enfilé une tenue aguichante accompagnée d'un maquillage outrageusement chargé? Et s'il ne tenait pas son rôle jusqu'au bout? Et si certains le reconnaissaient comme une prostitué du Velvet? Et si on les assaillait de questions? Et si, et si...

Nombreuses étaient les questions qui se bousculaient dans son esprit, et c'est plus nerveux que jamais qu'il franchit les portes du bordel un peu en avance, attendant au bar que son partenaire le rejoigne.

"Eh bien... Quelque chose d'élégant et de sobre à la fois, si tu as."

Bon, ça restait franchement vague. Autant dire, pas d'exigences. Uruha hocha la tête cependant une nouvelle fois et Aoi sembla satisfait. Il alla régler les détails financiers avec Yoshiki, tandis que le châtain retournait à ses précédentes activités.

Le jour J, Uruha ressortit ses accessoires et tenues d'avant de travailler au Velvet. Ca faisait longtemps qu'il n'avait pas eu à tenir ce rôle et finalement, ça l'amusait assez. Il choisit une robe droite, longue jusqu'à mi-cuisse assez décolletée et dégageant les épaules. Bien entendu, il mettait pour l'occasion une fausse poitrine et un soutien gorge rembourrée, afin de conserver l'illusion de féminité. Aux pieds, des escarpins vernis et des bas assez fins.
Il ondula ses longs cheveux châtains et se fit un maquillage féminin, de soirée. Smoky eyes et lèvres rouges. Il termina avec une paire de créoles, un sautoir et il descendit au bar, retrouver Aoi qui l'attendait déjà.

"Ca te convient?" demanda-t-il en faisant un tour devant lui.

Avec l'entraînement, il parvenait à modifier sa voix pour lui donner une intonation féminine très naturelle. Jamais personne n'avait soupçonné quoique ce soit, jusqu'à présent.

Le châtain apparut enfin sous ses yeux, se postant juste devant lui en tournant sur lui même tout en posant pour le laisser l'admirer avant de lui demander:

"Ca te convient?"

Vu ses yeux écarquillés et son air époustouflé, avait-il besoin de le préciser? Jamais il n'aurait pensé que la transformation serait aussi... parfaite? Pour quiconque ne connaissant pas la réelle identité d'Uruha, on aurait dit à s'y méprendre une femme. Tout prêtait à confusion, jusqu'à sa voix qu'il avait fait plus douce et fluette. Sa silhouette était parfaite, ses courbes bien présentes suite à quelques artifices, et son visage d'une beauté remarquable, tellement que le brun en était soufflé. Uruha était beau en tant qu'homme. Mais en tant que femme, il était sublime. Et pour son plus grand désespoir, Aoi sentit son coeur s'emballer à folle allure, complètement perturbé par cette créature qui se rapprochait très fortement de l'idéal que tout être humain se construit dans un petit coin de sa tête.

Se reprenant finalement, il se leva et lui adressa un petit sourire d'approbation, essayant de ne pas montrer son trouble malgré ses yeux qui brillaient d'admiration et lui chuchota, prenant sa main dans la sienne :

"Tu es tout simplement magnifique... ma chérie..."

Faisant un pas vers lui, il effleura sa joue de ses lèvres avant de se reculer, lui offrant son bras :

"Allons-y, je nous ai fait venir un taxi. Il nous attendra à la station de Shibuya d'ici une dizaine de minutes, alors ne traînons pas."

Il entraîna alors l'androgyne à l'extérieur, ne pouvant dire si ce qu'il ressentait était une nervosité extrême, une excitation nouvelle ou un mélange des deux.

"Tu es tout simplement magnifique... ma chérie..."

Uruha afficha un sourire un peu moqueur. Vu la tête qu'avait fait Aoi en le voyant arriver, il n'avait aucun doute sur la sincérité de ses propos. Uruha attrapa le bras qu'il lui tendait, le suivant dehors.

"Allons-y, je nous ai fait venir un taxi. Il nous attendra à la station de Shibuya d'ici une dizaine de minutes, alors ne traînons pas."

"Shibuya? En dix minutes ça va être compliqué, j'aurais peut-être du éviter les talons..."

Il le suivit cependant, marchant d'un bon pas à ses côtés. Il était totalement habitué à marcher avec ce genre de chaussures et son pas était assuré.

"Comment je suis sensé m'appeler?"

Finalement, ils arrivèrent à Shibuya en relativement peu de temps, presque en même temps que le taxi commandé par Aoi. Ils montèrent dedans, s'installant sur la banquette arrière.
Uruha laissa son partenaire donner l'adresse, en profitant pour faire une retouche sur son rouge à lèvres.

"Bon... Parle-moi de cette soirée, de ce qui m'attend, de ce que je ne dois pas dire ou faire..."

"Shibuya? En dix minutes ça va être compliqué, j'aurais peut-être du éviter les talons..."

Aoi grogna. Il n'allait tout de même pas le porter pour épargner ses petits pieds délicats. Quelques centaines de mètres, ce n'était pas la met à boire tout de même...

Au final, Uruha s'en sortit très bien, marchant avec bien plus de classe que la plupart des femmes qu'ils pouvaient croiser dans la rue, et Aoi se sentait presque flatté en voyant les regards approbateurs et jaloux de certains hommes sur lui.

"Comment je suis sensé m'appeler?"

Le brun se mordit la lèvre. Il n'avait absolument pas réfléchit à ça.

"Euh... Tu penses que c'est trop risqué, si tu gardes le nom d'Uruha? Sinon, je n'en ai aucune idée, quel nom tu empruntais en général?"

Ils arrivèrent finalement à destination en même temps que le taxi, s'installant à l'arrière avant de faire les mises au point.

"Bon... Parle-moi de cette soirée, de ce qui m'attend, de ce que je ne dois pas dire ou faire..."

Le plus âgé lui présenta alors rapidement l'entreprise dans laquelle il travaillait ainsi que son rôle en son sein, présentant rapidement les différents supérieurs qu'il allait être susceptible de rencontrer, avant de s'attarder sur le but de cette soirée et ses enjeux concernant de futures collaborations, essayant de faire le plus simple possible et d'aller à l'essentiel, avant de finir par ces quelques recommandations :

"La seule chose qui ne doit absolument pas se savoir, c'est mon orientation sexuelle. J'aime les femmes, point. Pour le reste, je te demande simplement de rester extrêmement poli et courtois envers quiconque viendra te parler, de ne chercher à séduire personne, car je te rappelle que nous sommes censés être un couple depuis un peu plus d'un an. Joue la petite amie folle amoureuse et légèrement timide, et ça me conviendra."

Plus il se rapprochaient du restaurant et plus Aoi sentait l'appréhension le gagner. Uruha allait-il être capable de tenir ce rôle à la perfection jusqu'à la fin de la soirée?

"Euh... Tu penses que c'est trop risqué, si tu gardes le nom d'Uruha? Sinon, je n'en ai aucune idée, quel nom tu empruntais en général?"

"Oui, c'est risqué. Plus de gens que tu ne le penses viennent au Velvet... Pour le noms, ça dépendait des hommes, je m'adaptais à la volonté des clients. Quand tu parlais de ta petite amie imaginaire à tes collègues, tu ne lui as jamais donné de nom?"

Aoi lui présenta son entreprise, son rôle, quelques noms qu'Uruha grava dans sa mémoire, avant d'en venir à la dernière recommandation :

"La seule chose qui ne doit absolument pas se savoir, c'est mon orientation sexuelle. J'aime les femmes, point. Pour le reste, je te demande simplement de rester extrêmement poli et courtois envers quiconque viendra te parler, de ne chercher à séduire personne, car je te rappelle que nous sommes censés être un couple depuis un peu plus d'un an. Joue la petite amie folle amoureuse et légèrement timide, et ça me conviendra."

Uruha hocha la tête, sans faire de commentaire. Il trouvait ça ridicule de cacher ce qu'il était vraiment. Personne n'allait le juger, tout le monde n'était pas aussi fermé d'esprit qu'il semblait le croire...
Quant au reste, c'était du jeu d'acteur. Il savait mettre sa personnalité de côté et incarner quelqu'un d'autre alors, il ne se faisait pas trop de souci pour ça.

Le taxi s'arrêta devant un restaurant et les deux hommes en sortirent, Uruha reprenant le bras de son faux compagnon. Eh bien, les choses sérieuses pouvaient commencer!

"Oui, c'est risqué. Plus de gens que tu ne le penses viennent au Velvet... Pour le noms, ça dépendait des hommes, je m'adaptais à la volonté des clients. Quand tu parlais de ta petite amie imaginaire à tes collègues, tu ne lui as jamais donné de nom?"

"C'est vrai que tu t'es fait sauter par la moitié de Tokyo..." grommela Aoi avant de soupirer "Je ne me suis jamais inventé de petite amie imaginaire. Je dis simplement que je n'ai personne, ou que ça ne les regarde pas. Mais tu n'auras qu'à t'appeler Miyuki pour ce soir."

Ils descendirent finalement de voiture et Uruha revint se pendre à son bras en souriant. Priant pour passer inaperçu, le brun prit une profonde inspiration et s'avança vers l'entrée, se laissant guider à l'intérieur par un serveur qui loucha discrètement -mais pas assez pour qu'Aoi ne le remarque pas- sur sa compagne de fortune. Il n'était plus sûr qu'avoir choisi Uruha ait été une bonne idée, il risquait d'attirer le regard plus qu'autre chose, et c'était justement tout ce qu'il voulait éviter en se montrant au diner au bras de quelqu'un.

Ses doutes se confirmèrent quand ils rentrèrent dans la petite salle de réception où était servi l'apéritif. Tout le monde n'était pas encore là, mais la quinzaine de collègues et supérieurs qui se trouvaient déjà là ne manquèrent pas de remarquer son entrée et un silence plana l'espace de quelques instants sur la salle, tous les regards braqués sur le couple. Si Uruha semblait adorer être le centre de l'attention, pour Aoi en revanche c'était tout l'inverse, et il resserra instinctivement son étreinte autour du bras du châtain.

Très rapidement, quelques uns de ses collègues qu'il avait l'habitude de côtoyer vinrent le rejoindre avec leurs compagnes respectives afin de procéder aux présentations, jetant des regards d'admiration discrets à l'androgyne pour ne pas éveiller la jalousie de leur partenaire, n'y voyant que du feu. Alors que les femmes se dirigeaient vers le buffet en entrainant Uruha avec elles, les hommes se regroupèrent autour d'Aoi, visiblement excité par ce revirement de situation inattendu.

"Bon sang Yuu! Tu nous avais caché que tu sortais avec une bombe!" lâcha l'un d'entre eux sans pouvoir s'empêcher de lorgner sur les fesses du châtain dos à eux.

"Je n'aime pas étaler ma vie privée..." se justifia-t-il nerveusement, gardant un oeil sur Uruha.

Vraiment, il était de moins en moins sûr qu'il avait bien fait d'emmener le prostitué ici...

"C'est vrai que tu t'es fait sauter par la moitié de Tokyo... Je ne me suis jamais inventé de petite amie imaginaire. Je dis simplement que je n'ai personne, ou que ça ne les regarde pas. Mais tu n'auras qu'à t'appeler Miyuki pour ce soir."

Uruha valida le choix et ils entrèrent dans le restaurant, les collègues d'Aoi se tournant vers eux d'un seul mouvement, un silence se faisant. Uruha retint un sourire amusé, s'inclinant légèrement devant l'assemblée, avant que quelques uns des hommes ne se lèvent, avec leurs partenaires. Ils firent les présentations, Uruha adorant sentir quelques regards envieux sur lui.
Les femmes l'entraînèrent à l'écart, vers le buffet et il fit en sorte de se fondre dans la masse, laissant Aoi avec ses collègues masculins.

"C'est la première fois qu'on vous voit ici ! Aoi vient toujours seul aux soirée d'habitude, votre histoire est récente?"

"Ah... Non, pas tant que ça. Ca fait presque un an." répondit Uruha avec un petit sourire timide. "Mais généralement, il n'aime pas trop étaler sa vie privée ! C'est bien qui l'ai convaincu de l'accompagner ce soir, j'avais envie de découvrir un peu les gens avec lesquels il travaille."

Uruha attrapa un verre d'alcool, piochant dans les petits fours, faisant un peu connaissance avec ces femmes.
Les reste de l'équipe arriva peu à peu, chacun y allant de sa réflexion, se présentant et Uruha se sentait comme un poisson dans l'eau. Il aimait bien ce genre de soirée et il se sentait observé,c'était franchement plaisant.

Ils finirent par passer à table, Uruha s'installant à côté d'Aoi, lui adressant un petit sourire. Les choses se passaient bien, non?

Aoi continua de discuter un moment ici et là avant que les convives ne se rassemblent autour des tables, rondes afin de faciliter les échanges, Uruha revenant alors vers lui en souriant, visiblement dans son élément. Quand il s'agissait de se pavaner devant les autres, nul doute qu'il se sentait parfaitement à l'aise, bien plus que son malheureux compagnon d'un soir qui priait pour que toute cette mascarade se termine bien vite.

Il tira l'une des chaises pour permettre au châtain de s'asseoir, avant de se pencher vers lui pour déposer un petit baiser dans son cou. Après tout, ils étaient censés être ensemble, non? Alors il devait agir comme tel et jouer le rôle du parfait petit ami totalement épris de sa compagne.

Prenant place à ses côtés, il posa sa main sur la sienne pour la caresser, se tournant vers Uruha pour lui adresser un regard tendre et lui chuchoter :

"Tout va bien ma chérie? Tu as pu faire quelques connaissances?"

Les collègues d'Aoi vinrent rapidement se presser à sa table, et le repas commença, les conversations allant bon train.

"Dites-nous en plus sur vous, voyons! On ne sait rien de vous, Yuu est un vrai petit cachotier!" commença l'homme assis en face d'eux.

"Jamais nous n'aurions pensé qu'il partageait sa vie avec une aussi charmante demoiselle!" renchérit un second.

"Comment vous êtes vous rencontrés?" questionna la femme de l'un d'entre eux d'un air curieux.

Le brun prit le temps de remplir de vin le verre d'Uruha avant de reporter son attention sur les regards inquisiteurs qui les dévisageaient, se mordant la lèvre. Comment ça avait commencé, entre eux, déjà?

"Eh bien... en fait, tout a commencé au lycée. Un beau jour, alors que je retournais au gymnase en courant... "

Il raconta alors la scène de leur toute première rencontre, retraçant fidèlement les faits, omettant juste ce petit détail comme quoi Miyuki s'appelait en réalité Uruha et n'avait de féminin que les traits.

"Et c'est à ce moment là que j'ai eu le coup de foudre pour elle... Mais j'étais bien trop timide pour lui avouer mon amour, alors j'ai vécu avec secrètement, et la vie nous a séparés à la fin du lycée. Ce n'est qu'il y a un peu plus d'un an que nous nous sommes revus totalement par hasard et... j'ai compris que mes sentiments n'avaient jamais disparus malgré les années."

Il fit une petite pose pour se tourner vers Uruha et le contempler, les yeux brillants d'affection.

"Et au final, nous nous sommes rendus compte que nos sentiments étaient réciproques..."

Spontanément, il se pencha vers le châtain pour l'embrasser au coin des lèvres et glisser ses doigts dans ses cheveux pour une tendre caresse. Ah, si seulement Uruha était né femme et que lui n'était pas gay, les choses auraient pu être beaucoup plus simples...

"Tout va bien ma chérie? Tu as pu faire quelques connaissances?"

Aoi était trop tendre, trop "amoureux transi" au goût d'Uruha qui dut se forcer à sourire. Au moins, cette situation avait un avantage, elle confirmait au châtain qu'il n'était pas fait pour ce genre de vie, il était très bien dans son boulot, il s'y amusait beaucoup plus !

"Oui, ça me fait plaisir d'enfin rencontrer tes collègues!" répondit-il cependant de sa voix féminine.

Que l'on ne vienne pas dire qu'il était mauvais acteur, tout le monde n'y voyait que du feu.
Bien entendu, les personnes présentes autour de la table ne se privèrent pas de poser des questions et celle de leur rencontre fut vite abordée. Uruha regarda son "petit ami" remplir son verre de vin, lui laissant le soin de répondre.

"Eh bien... en fait, tout a commencé au lycée. Un beau jour, alors que je retournais au gymnase en courant... "

Uruha était étonné, laissant cependant le brun continuer, l'écoutant relater les faits avec une précision parfaite. Eh bien, lui aussi était plutôt doué. Il continua de jouer son rôle, baissant les yeux avec une gêne feinte et un petit rire confus lorsqu'il vanta sa beauté et la façon dont il avait fait battre son coeur la première fois.

"Et au final, nous nous sommes rendus compte que nos sentiments étaient réciproques..."

L'affection qu'il pouvait lire dans son regard n'était pas factice cette fois et Uruha sentit son coeur se serrer étrangement. Il avait ne rien vouloir de sérieux, ce type lui faisait ressentir des choses bizarres, cependant...
Il se contenta de lui sourire, fermant les yeux lorsqu'il vint l'embrasser, avant de répondre, amusé, sous les commentaires attendris de leur auditoire.

"Pour moi aussi, ce fut un coup de foudre... Mais c'est à l'homme de faire le premier pas, non?" fit-il remarquer, avec un petit rire cristallin.

L'entrée fut servie sur ces mots et le châtain put vider son verre de vin. Hum, ça lui changeait des cocktails -toutefois délicieux- qu'il buvait au Velvet ! Entre ça et les coupes de champagne, il comptait bien profiter de sa soirée!

"Pour moi aussi, ce fut un coup de foudre... Mais c'est à l'homme de faire le premier pas, non?"

"Absolument... c'est pour ça que je me suis lancé. Je ne voulais pas prendre le risque de passer une seconde fois à côté de l'amour de ma vie, qui sait..."

A ces mots, il reporta son attention sur ses collègues pour converser avec eux, glissant discrètement sa main sur la cuisse d'Uruha pour la caresser, profitant que la nappe le dissimule. Il se détendait peu à peu, tout se déroulant à merveille jusqu'à présent. Le châtain avait dit juste, il était parfaitement doué pour créer l'illusion et il n'avait absolument rien à lui reprocher.

Le repas débuta, et avec lui les bouteilles se vidèrent au fur et à mesure. Uruha lui tendait son verre à pied pour la troisième fois quand Aoi ne le lui rempli qu'à moitié, reposant la bouteille avant de venir lui chuchoter à l'oreille :

"Vas-y doucement avec l'alcool, Uruha... Tu es censé être une femme, et je n'ai pas la moindre envie que tu finisses complètement ivre."

Il ne savait pas bien quelle pouvait être la tolérance du châtain à l'alcool -sans doute élevé- mais il préférait ne pas prendre le moindre risque. Et puis, ce n'était pas très élégant, une demoiselle qui enchaine les verres...

Les plats arrivèrent ensuite, puis le dessert, et Aoi commençait vraiment à se laisser aller, discutant de manière joviale et animée avec tout le monde sans plus aucune méfiance ni retenue, faisant à présent confiance à Uruha qui tenait son rôle à merveille et autour des épaules duquel il avait passé son bras en témoignage affectif. Tout le long du diner, il l'avait d'ailleurs couvert de douces attentions, multipliant les caresses, regards tendres et baisers furtifs. Pour une fois qu'il avait quelqu'un à ses côtés à câliner, il n'allait pas se priver...

"Absolument... c'est pour ça que je me suis lancé. Je ne voulais pas prendre le risque de passer une seconde fois à côté de l'amour de ma vie, qui sait..."

Uruha lui adressa un large sourire mais au fond de lui, il ricanait franchement. L'amour de sa vie hein... Aoi était beaucoup trop romantique!
Il sentit sa main passer sur sa cuisse, le laissant faire sans un mot. Ca, ça ne le dérangeait pas, bien au contraire...

Le repas se poursuivit, Uruha profitant des plats et de l'alcool, discutant à bâtons rompus avec sa voisine, faisant mine d'être vraiment intéressé par les problèmes d'éducation qu'elle rencontrait avec ses enfants.

"Vas-y doucement avec l'alcool, Uruha... Tu es censé être une femme, et je n'ai pas la moindre envie que tu finisses complètement ivre."

L'intéressé se contenta de grogner. Il n'allait pas l'empêcher de s'amuser, tout de même...
Le dessert arriva, placé sur un buffet, comme l'apéritif et les convives se levèrent, circulant de nouveau dans la salle. Une coupe de champagne à la main, Uruha commençait à se sentir délicieusement joyeux, l'alcool lui montant lentement à la tête.
Installé devant le buffet, une profiterole à la main, il sourit à un homme qui venait de s'avancer vers lui, entamant une nouvelle conversation, avec l'un des rares -et séduisant- célibataire de la soirée. Il savait qu'il était sensé être fou amoureux d'Aoi mais... L'alcool faisait remonter sa véritable personnalité. Aoi avait eu son quota, avec tous les baisers qu'il avait pu lui voler au cours du dîner!

Uruha sembla ralentir légèrement le rythme de ses consommations le temps de la fin du repas avant d'échapper à la surveillance d'Aoi au moment du dessert, lui faussant compagnie pendant qu'il était en grande conversation professionnelle avec un collaborateur potentiel. Une fois la discussion terminée, il se mit en quête de son partenaire, le cherchant des yeux au travers de la salle, quand il se figea.

Debout près du buffet, une coupe de champagne à la main, il riait de manière niaise aux paroles qu'un autre homme lui murmurait à l'oreille, sa main nichée sur la chute de ses reins. Bordel mais qu'est-ce qu'il foutait? A peine le dos tourné et le voilà déjà en train de se laisser tripoter par le premier venu! Sentant immédiatement la colère monter en lui, Aoi marcha droit vers eux, se plantant face à eux en se raclant la gorge.

"Je dérange, peut-être?" lâcha-t-il en lançant un regard assassin à l'homme, un collègue qu'il n'appréciait pas particulièrement qui plus est. "Pourrais-je récupérer MA fiancée, Sato?"

Sous l'oeil sombre de l'invité qui grommela qu'il n'avait qu'à mieux surveiller ce qui lui appartenait, Aoi saisit brusquement le poignet d'Uruha, lui arrachant au passage son verre qu'il reposa sur la table du buffet avant de l'attirer à l'écart, s'arrêtant une fois qu'ils se trouvèrent relativement à l'abri des regards.

"Tu peux m'expliquer ce que tu fous?" Lui demanda-t-il d'une voix agacée "Je te paye pour que tu ne sois qu'à moi, ce soir, t'as compris? A moi! Et pas pour que t'ailles remuer ton cul devant le premier beau gosse qui passe dans l'espoir de te faire tringler après!"

"Je dérange, peut-être? Pourrais-je récupérer MA fiancée, Sato?"

Uruha retint une moue déçue. Pour le coup, oui, il dérangeait. Ce type était en train de lui promettre un tas de choses intéressantes pour la suite de la soirée et Uruha en aurait bien fait son affaire... Mais Aoi ne semblait pas du tout de cet avis, attrapant son poignet pour l'entraîner à l'écart.

"Tu peux m'expliquer ce que tu fous? Je te paye pour que tu ne sois qu'à moi, ce soir, t'as compris? A moi! Et pas pour que t'ailles remuer ton cul devant le premier beau gosse qui passe dans l'espoir de te faire tringler après!"

"Ah... Calme toi... Occupe-toi de moi, je resterai avec toi... T'es bien plus canon que ce type, mais il est plus entreprenant..." répondit-il avec un clin d'oeil.

Il avait bien le droit de s'amuser un peu ! Il avait été exemplaire toute la soirée, tout le monde était sous le charme de son nouveau personnage alors maintenant, il voulait profiter un peu du fait d'avoir Aoi à sa disposition...

"Ah... Calme toi... Occupe-toi de moi, je resterai avec toi... T'es bien plus canon que ce type, mais il est plus entreprenant..."

Aoi resta déconcerté un bref instant à ses paroles. Ah oui, il le trouvait canon? Ah, pourquoi son coeur s'accélérait à cette simple idée qu'il puisse plaire à Uruha? Il chassa néanmoins bien vite ces sensations. Il puait l'alcool à plein nez, il disait sans doute ça à qui voulait bien l'entendre car tout ce qu'il voulait, c'était se faire prendre par le premier venu avec une queue entre les jambes, rien d'autre. C'était une pute, après tout.

"Je ne fais que ça, m'occuper de toi, depuis le début de la soirée!" protesta-t-il avant de soupirer d'un air las "Ecoute, ça va bientôt se terminer... Alors fait encore un petit effort, une petite demi-heure et je te ramène au Velvet où tu pourras aller t'amuser comme bon te semble, d'accord? Tu as été parfait jusqu'à présent, alors ne gâche pas tout à la fin, s'il-te-plait..."

Il lui sourit et déposa un chaste baiser sur ses lèvres, ne récoltant qu'un grognement d'insatisfaction en réponse, avant de se reculer pour retourner à la salle, voulant prendre le temps de saluer tout le monde et surtout ses supérieurs avant de prendre congé pour raccompagner son partenaire.

"Je ne fais que ça, m'occuper de toi, depuis le début de la soirée! Ecoute, ça va bientôt se terminer... Alors fait encore un petit effort, une petite demi-heure et je te ramène au Velvet où tu pourras aller t'amuser comme bon te semble, d'accord? Tu as été parfait jusqu'à présent, alors ne gâche pas tout à la fin, s'il-te-plait..."

Le brun déposa ses lèvres sur les siennes et Uruha grogna une nouvelle fois. Ce n'était pas comme ça qu'il voulait qu'il s'occupe de lui... Aoi recula, prêt à retourner dans la salle de restaurant mais Uruha le retint :

"Et après? Pendant toutes les autres soirées où on te demandera de ramener ta copine? Si ton boss t'invite à un repas en couple? Quand on te demandera de les inviter à ton mariage? Comment tu vas faire? Tu vas me demander de jouer ta fiancée puis ta femme éternellement?"

Ca ne le dérangeait pas, en soi. Mais il ne comprenait toujours pas. Pourquoi ne pouvait-il pas simplement dire qu'il aimait les hommes et n'avait pas encore trouvé celui qui lui correspondait?

"Et après? Pendant toutes les autres soirées où on te demandera de ramener ta copine? Si ton boss t'invite à un repas en couple? Quand on te demandera de les inviter à ton mariage? Comment tu vas faire? Tu vas me demander de jouer ta fiancée puis ta femme éternellement?"

Aoi grimaça à ses questions et ferma les yeux un bref moment avant de se retourner vers lui lentement, plongeant son regard ou brillait une lueur de tristesse dans le sien.

"Non Uruha... je dirai tout simplement que nous avons rompu. Tu n'es pas fait pour moi. Je ne supporterais pas d'avoir une salope pour partager ma vie."

Détournant le regard, il se dégagea doucement de son étreinte, hésitant à repartir, avant de continuer :

"Et puis, qu'est-ce que ça peut bien te faire? C'est ma vie... Si je n'arrive jamais à assumer ce que je suis et à me montrer au grand jour au bras d'un homme, alors ça ne regarde que moi. Toi tu as réussi à accepter et tu n'as aucune honte à faire ce que tu fais, tant mieux pour toi, vraiment. Mais ce n'est pas aussi facile pour tout le monde. Je suis dans un milieu ou le regard des autres compte énormément. C'est comme ça."

Il resta un moment silencieux à dévisager le châtain. Oui, c'était vraiment dommage que tout ait foiré dès les premiers instants entre eux.

"Aller, viens... on va saluer mon patron et on rentre." ordonna-t-il finalement avant de faire demi-tour pour repartir se mêler à la foule.