Problème mécanique [Hizumi - Reita] -SUJET CLOS-

Avec son travail, rouler en voiture n'était pas très pratique. Et dès le départ, Hizumi avait refusé les voitures privées, avec chauffeur et vitres teintées. Rien de mieux pour se faire repérer... Il avait très vite acheté une moto et ne s'en séparait plus. Le reste de l'équipe était en voiture, celle que suivait, par conséquent, les fans et lui s'échappait incognito, sur sa moto. Mais avec le grand nombre de tournages qu'il avait eu ces derniers temps et les kilomètres avalés, eh bien... Son véhicule préféré ne roulait plus. Impossible de la faire démarrer. Et bien entendu, il n'avait pas de voiture de remplacement et se trouvait donc totalement handicapé.

Par chance, le film était terminé, il avait des jours de repos et il allait pouvoir s'occuper de ça. Il avait un garage, non loin de chez lui, il allait devoir pousser sa chère moto jusque là. Habillé au plus sobre -veste de cuir, pantalon noir et lunettes de soleil- il fit les quelques mètres qui le séparaient de l'endroit et se présenta à l'homme qui tenait le commerce.

"Bonjour, j'ai un souci avec ma moto, elle ne démarre plus et c'est mon unique moyen de transport... Vous pensez que vous pouvez jeter un oeil?"

Reita travaillait dans son garage sur une toute nouvelle moto qu'il venait de recevoir il y avait deux jours à peine et était occupé à repeindre la fourche quand un homme se présenta à lui, poussant son deux roues. Il reposa alors son pistolet à peinture et retira ses gants et son masque pour contourner le pont élévateur et se diriger vers le client potentiel.

"Bonjour, j'ai un souci avec ma moto, elle ne démarre plus et c'est mon unique moyen de transport... Vous pensez que vous pouvez jeter un oeil?"

Reita hocha la tête tout en jetant un bref regard à l'homme. Il ne l'avait jamais vu auparavant à sa boutique, et pourtant il avait le sentiment de l'avoir déjà vu quelque part. Etrange.

"Bonjour. Bien sûr, si vous pouvez me la laisser quelques heures, je regarderai ça dès que j'en ai terminé avec ma peinture. Je vous demanderait juste de me laisser vos coordonnées, que je puisse vous prévenir et vous faire part du devis de réparation."

Il fit signe à l'homme de laisser là son véhicule et de le suivre jusqu'au comptoir où il lui donna un formulaire à remplir.

"Bonjour. Bien sûr, si vous pouvez me la laisser quelques heures, je regarderai ça dès que j'en ai terminé avec ma peinture. Je vous demanderait juste de me laisser vos coordonnées, que je puisse vous prévenir et vous faire part du devis de réparation."

"Parfait, merci."

L'homme ne semblait pas le reconnaître, et ce n'était pas plus mal. Hizumi n'avait pas besoin d'être reconnu à tous les coins de rue, bien au contraire, il en avait assez. Il adorait son travail mais vivre normalement lorsque tout le monde connait votre visage, c'est difficile.
Le garagiste lui fit signe de le suivre et il s'avança jusqu'à un comptoir, attrapant le stylo qu'il lui tendait pour remplir les papiers, donnant toutes ses informations personnelles, son véritable nom, son numéro de téléphone et son adresse. Ce type n'avait pas l'air particulièrement attaché au fait de le stalker, de toute façon.

"Voilà, c'est rempli." reprit-il en lui tendant le document.

Reita laissa l'homme remplir les papiers, en profitant pour consulter ses mails puisqu'il avait son ordinateur à disposition, avant de récupérer la feuille qu'il lui tendait, la parcourant des yeux.

"Voilà, c'est rempli."

"Je vous remercie." se contenta-t-il de lancer toujours très professionnellement. Il n'avait jamais vraiment eu le contact facile et cette chaleur humaine que peuvent avoir certains vendeurs avec leurs clients.

Il parcourut en diagonale les informations qu'ils venaient de recueillir, s'attardant sur son nom. Non, ça ne lui disait absolument rien... pourtant, plus il le regardait, plus il avait réellement l'impression de le connaître ou du moins de l'avoir déjà vu. Mais ou donc?

Il se torturait désespérément l'esprit pour essayer de se rappeler où il avait bien pu le rencontrer quand l'homme s'éclaircit la gorge, rappelant Reita à lui.

"Hum. Tout est bon. Je vous rappelle ce soir ou demain en début de matinée pour vous tenir au courant. Ca vous convient?"

Il rangea le formulaire avant de repartir à l'atelier, ne pouvant s'empêcher de dévisager à nouveau l'inconnu en passant près de lui. Pourquoi diable son visage lui semblait-il si familier?

Malgré tout, Hizumi se sentait franchement dévisagé par cet homme et ça commençait à devenir dérangeant. Manifestement, il était en pleine réflexion, sans doute se demandait-il pourquoi il avait le sentiment de l'avoir déjà vu. C'était une chose dont il avait l'habitude....

"Hum. Tout est bon. Je vous rappelle ce soir ou demain en début de matinée pour vous tenir au courant. Ca vous convient?"

"Très bien. Merci beaucoup."

Le brun ne s'attarda pas plus longtemps, quittant le garage sans attendre. Heureusement, il n'était pas loin et c'était une bonne chose de faite. Théoriquement, sa moto serait de nouveau en état pour son prochain tournage... Il n'avait maintenant plus qu'à attendre des nouvelles.

"Très bien. Merci beaucoup."

Le client reparti et Reita retourna à ses occupations sans plus se soucier de lui. Si vraiment il le connaissait de quelque part, ça finirait bien par lui revenir. Sa peinture terminée, il libéra alors le plateau pour y installer la moto en panne et effectuer un examen complet, ne tardant pas à déceler la source du problème. Visiblement, la moto avait fait de l'usage, et le carburateur avait lâché. Ce n'était rien de bien sérieux, mais il décelait d'autres pièces en état d'usure avancée qui auraient besoin d'être changées assez rapidement sous peine de voir son client revenir dans quelques semaines. Il fit alors un devis complet de tout les travaux à effectuer, estimant le prix auquel cela reviendrait, envoyant cela par mail à son client. Il attendrait son aval pour commander les pièces et effectuer les réparations.

Le lendemain, il avait l'accord du propriétaire et il s'occupa aussitôt de la commande. Quelques jours plus tard, la moto était de nouveau en état de fonctionnement.

Alors qu'il prenait une pause et naviguait sur son ordinateur, en profitant pour le prévenir qu'il pouvait venir récupérer son véhicule quand il le désirait, il se figea soudain en voyant passer une bande annonce d'un film dont la sortie était annoncée très prochainement au cinéma. Ce mec... il savait maintenant d'où venait son impression de l'avoir déjà vu auparavant. Son client de la dernière fois n'était autre qu'Hizumi, un des acteurs les plus en vogue en ce moment. Il esquissa une grimace, pas vraiment ravi à cette nouvelle. Il avait horreur des gens comme lui, de toutes ces personnalités qui se prenaient pour des stars avec tous les privilèges du monde. D'ailleurs, qu'est-ce que ce que ce type venait foutre dans son garage? il ne payait pas de mine, et vu les contrats qu'il enchaînait, il devait sûrement avoir les moyens de se payer le meilleur garage de Tokyo. Il pouvait même sans aucun doute se racheter une moto neuve plutôt que de réparer celle-ci.

Agacé, il referma un peu violemment son ordinateur avant de retourner à son travail, s'occupant de ses quelques clients occasionnels, pas vraiment pressé de revoir l'acteur.

Le soir même, Hizumi avait reçu le mail contenant le devis complet pour sa moto. Pas vraiment surpris du diagnostic du garagiste, il accepta tout de suite le montant et les différentes réparations à effectuer, laissant maintenant travailler le professionnel, profitant de ses quelques jours off. Il allait pouvoir rendre visite à sa soeur, à sa mère et surtout, se reposer un peu, avant l'avant première de son nouveau film, où il se devait de faire une apparition publique.

Quelques jours plus tard, il reçut un nouveau mail du garage. Sa moto était prête, il pouvait venir la récupérer. Ravi de cette nouvelle -Hizumi en avait vraiment assez des transports en commun- il s'empressa de sortir de chez lui, faisant en quelques minutes le trajet le séparant du garage, retrouvant l'homme de la dernière fois, facilement reconnaissable.

"Bonjour, j'ai reçu votre message m'informant que mon véhicule était prêt." s'annonça-t-il au comptoir, impatient de retrouver sa chère moto.

Il se l'était achetée avec sa toute première paye en tant qu'acteur, il en avait rêvé toute son enfance et il l'aimait par dessus tout. Il aurait préféré dépenser des fortunes en réparation plutôt que de s'en séparer pour une neuve!

malheureusement pour lui, c'est en soirée que son client revint chercher son deux-roues, visiblement pressé de le retrouver.

"Bonjour, j'ai reçu votre message m'informant que mon véhicule était prêt."

Reita lui lança un regard noir et dur, lui jetant presque la facture sur le comptoir, avant de s'adresser à lui d'un ton sec.

"Voilà le montant des réparations. Mais vu votre situation, vous feriez mieux de la jeter à la casse. Elle ne roulera plus longtemps, tout est usé dessus. Vous en avez largement les moyens de vous en racheter une, même deux ou trois si vous le souhaitez, non?"

Devant l'air abasourdi du brun qui ne s'attendait pas à un tel accueil, il esquissa un sourire de mépris.

"Hizumi... On voit votre tête partout en ce moment. Et vous m'excuserez, mais j'ai horreur des gens comme vous, ces prétendues stars qui se croient tout permis, pensent qu'on peut tout acheter avec l'argent et méprisent les gens comme nous... Alors à l'avenir vous serez gentil de bien vouloir trouver un autre garage que le mien pour aller y faire réparer votre moto."

Il attendit qu'il paye la somme demandée avant de jeter les clés sur le comptoir et quitter la caisse, allant à l'atelier pour sortir la moto.

Hizumi ne s'attendait ni au regard noir de l'homme au comptoir, ni à ce ton sec lorsqu'il s'adressa à lui:

"Voilà le montant des réparations. Mais vu votre situation, vous feriez mieux de la jeter à la casse. Elle ne roulera plus longtemps, tout est usé dessus. Vous en avez largement les moyens de vous en racheter une, même deux ou trois si vous le souhaitez, non?"

L'acteur haussa un sourcil, franchement surprit. S'il n'avait pas été hyper loquace la première fois, il avait été tout de même plus agréable, alors qu'est ce qui avait changé?

"Je vous demande pardon?"

"Hizumi... On voit votre tête partout en ce moment. Et vous m'excuserez, mais j'ai horreur des gens comme vous, ces prétendues stars qui se croient tout permis, pensent qu'on peut tout acheter avec l'argent et méprisent les gens comme nous... Alors à l'avenir vous serez gentil de bien vouloir trouver un autre garage que le mien pour aller y faire réparer votre moto."

Hizumi sentit son sang ne faire qu'un tour. Eh bien, il l'avait reconnu, cette fois... Mais de quel droit se permettait-il de le juger?

"Excusez moi, votre discours est un peu paradoxal. Vous me demandez de racheter une moto, au lieu de venir la faire réparer chez vous, avant de m'accuser de dilapider mon argent? Vous ne savez rien de ma vie, de ce que peux représenter ce véhicule à mes yeux. Alors je vais vous régler et au prochain problème, je reviendrai ici, malgré votre hostilité. Que vous vouliez ou non, j'habite à côté."

Il sortit sa carte bleue, régla le montant demandé et attendit de récupérer ce qui lui appartenait, prenant bien soin de remercier le garagiste avant de rentrer chez lui. Bon sang... Personne ne lui avait jamais fait ce coup là, auparavant...

"Excusez moi, votre discours est un peu paradoxal. Vous me demandez de racheter une moto, au lieu de venir la faire réparer chez vous, avant de m'accuser de dilapider mon argent? Vous ne savez rien de ma vie, de ce que peux représenter ce véhicule à mes yeux. Alors je vais vous régler et au prochain problème, je reviendrai ici, malgré votre hostilité. Que vous vouliez ou non, j'habite à côté."

Reita serra les poings. Et en plus, ce type habitait non loin de chez lui! Il savait qu'il y n aurait qui aurait pu tuer pour habiter près de chez l'acteur, mais lui n'en avait strictement rien à faire, bien au contraire. Il préférait être loin de ces gens là. C'est avec un petit ton faussement aimable qu'il répondit alors:

"Comme vous le voulez, monsieur. Mais sachez juste que mes délais risquent d'être extrêmement longs, vous m'en voyez navrés. Vous pourrez sans doute vous payer un taxi en attendant, n'est-ce pas?"

Un petit sourire sarcastique étira ses lèvres avant que l'homme ne disparaisse de sa vie, visiblement décontenancé et agacé par sa réaction. Ah, ce n'était pas de sa faute, mais il avait horreur de ces gens là. Ce monde "people" lui passait par dessus la tête et l'horripilait au plus haut point. Et il espérait vraiment que sa moto ne fasse pas de caprice et tienne suffisamment longtemps pour ne pas le revoir se pointer ici de sitôt.


Quelques semaines plus tard, c'est en trainant des pieds que le blond suivait l'un de ses meilleurs amis à Shibuya. Celui-ci avait insisté pour l'y emmener de force, voulant assister à l'avant première du tout nouveau film dont le premier rôle était tenu par Hizumi. Malgré sa forte réticence à l'y accompagner, et sous les sollicitations incessantes de son ami, Reita avait fini par céder, plaçant son amitié au dessus de tout. C'est donc en faisant clairement la gueule qu'il s'assit dans la salle, se préparant à s'ennuyer ferme pendant les deux prochaines heures.

"Comme vous le voulez, monsieur. Mais sachez juste que mes délais risquent d'être extrêmement longs, vous m'en voyez navrés. Vous pourrez sans doute vous payer un taxi en attendant, n'est-ce pas?"

"Quel sens du professionnalisme..." railla Hizumi avant de partir.

Ah merde, ce type était imbuvable... Lui aussi espérait bien ne pas avoir à revenir de sitôt...

Quelques jours plus tard, Hizumi dut se rendre à son avant première. Avec les deux autres acteurs qui tenaient la tête d'affiche, ils devaient faire une apparition, un petit discours et répondre aux questions des spectateurs présents. Hizumi n'aimait pas ce genre d’événements, il détestait avoir à s'adresser à son public, mais ça faisait partie du jeu. Il préférait tellement être sur le plateau, seulement observé par les caméras...
Présent dès le matin dans la salle de cinéma prévue pour l'occasion, il avait passé la journée sur des tests lumière et son, l'heure de la projection approchant enfin.

La public entra dans la salle sur les coups de 19h, les acteurs se présentant sur scène une fois tout le monde assit. Chacun à leur tour, ils parlèrent de leur vision du film. Hizumi avait préparé un discours qu'il déclama, à la virgule près (pas question d'inventer sur le moment, il n'était pas doué pour ça) puis ils répondirent aux questions, avant de venir s'installer au premier rang de la salle, le film démarrant.
A la fin de la projection, ils remontèrent pour saluer, avant de retourner en coulisses, soulagés que la soirée soit terminée. Hizumi se retira dans sa loge, puis dans le vestiaire à côté. Cette pièce ne s'ouvrait, de l'intérieur ou de l'extérieur qu'avec un pass, qu'il avait laissé dans sa loge. Il laissa donc la porte ouverte, récupérant ses vêtements pour se changer.

L'événement ne tarda pas à commencer, et Reita ne put s'empêcher de poser son regard sur Hizumi lorsque ce fut à son tour de prendre la parole. Bon sang, ce mec n'avait aucune prestance sur scène, il trouvait cela presque pitoyable. Ca lui ferait un motif de plus pour lui cracher son venin s'il revenait dans son garage. Toujours était-il qu'il avait hâte que tout cela se termine.

Après trois longues qui lui parurent interminables, surtout que le film ne présentait pas grand intérêt à ses yeux, il quitta avec joie son siège pour se diriger vers la sortie en compagnie de son ami. Mais alors qu'ils atteignaient la salle principale, celui-ci lui faussa compagnie, lui signalant qu'il revenait très rapidement, voulant juste saluer quelqu'un de sa connaissance. Reita l'attendit donc patiemment, tournant en rond en attendant son retour, avant de s'impatienter en ne le voyant pas revenir qu'il le fasse poireauter aussi longtemps. Bon sang, il voulait rentrer chez lui et aller se coucher!

Finissant par perdre patience, il décida de partir à sa recherche. Ne le voyant pas dans la salle, il s'aventura dans les couloirs. Il était peut-être parti aux toilettes? Il se mit à le chercher ici et là, trainant dans les couloirs, avant de se stopper. Il était tout seul, et n'était pas bien sûr qu'il ait le droit d'être là... Avisant une pièce avec de la lumière, il s'y introduisit un peu hésitant.

"Jun? T'es là?"

N'obtenant pas de réponse, il allait repartir quand il entendit du bruit dans une petite pièce situé à l'extrémité de la salle. Au pire, il pourrait toujours redemandé à la personne qui s'y trouvait comment retrouver la sortie. Il traversa alors la salle, et pénétra dans la seconde.

"Bonsoir, excusez-moi, mais..."

Il se raidit soudainement en reconnaissant l'homme qu'il avait en fasse de lui, torse nu en train de se déshabiller. Merde, s'il pensait tomber sur lui... il esquissa un mince sourire. Il allait pouvoir lui dire le fond de sa pensée quant à son intervention! Il claqua alors la porte derrière lui pour que personne ne puisse les entendre, avant de se retourner vers lui, se figeant en voyant le visage de l'acteur se décomposer. Quoi, il lui faisait si peur que ça?

"Bonsoir, excusez-moi, mais..."

Hizumi venait de retirer sa chemise lorsqu'il entendit qu'on s'adressait à lui. Il releva la tête, fronça les sourcils en reconnaissant l'antipathique garagiste qui venait de s'interrompre en le reconnaissant à son tour. Il s'apprêtait à lui dire de sortir lorsque le blond referma la porte derrière lui, Hizumi blêmissant.

"Putain, la porte! Merde, en plus d'être un sale type, vous êtes débile? On est enfermé ici pour la nuit, bien joué."

Evidemment, Hizumi n'avait pas prit son portable avec lui... Ca aurait été trop beau. Et ils n'avaient aucun moyen de sortir d'ici autrement que par la porte... Agacé et fatigué, il dévisagea le blond -bon sang, même en dehors de son garage, il se promenait avec ce truc ridicule sur le nez?- lui lançant d'un ton sec :

"Qu'est ce que vous foutez là en plus? J'croyais que vous méprisiez les acteurs? Vous avez pour habitude de vous introduire en backstage pour les insulter correctement après chaque show?"

Un peu découragé par la nuit qui s'annonçait, le brun se laissa glisser le long du mur, jusqu'au sol. Il n'avait plus qu'à prendre son mal en patience...

"Putain, la porte! Merde, en plus d'être un sale type, vous êtes débile? On est enfermé ici pour la nuit, bien joué."

Reita cligna des yeux aux mots d'Hizumi avant de froncer les sourcils sous les insultes. Comment ça, enfermés ici? Il se retourna pour clancher la porte, sans succès, remarquant alors la présence du capteur de carte magnétique.

"Enfermés? Quel est l'idiot qui rentre dans ce genre de pièce sans prendre son badge, hein?" rétorqua-t-il alors. "Et à ce que je sache, les téléphones portable, ça existe."

Tout de suite, il sentit la tension monter entre eux. S'ils devaient effectivement rester toute la nuit ensemble coincés ici, ça promettait d'être joyeux.

"Qu'est ce que vous foutez là en plus? J'croyais que vous méprisiez les acteurs? Vous avez pour habitude de vous introduire en backstage pour les insulter correctement après chaque show?"

"C'est une idée, et si nous devons effectivement passer la nuit ensemble, vous risquez bien de vous en prendre plein la gueule pendant un bon moment. Sachez que je n'ai fait qu'accompagner un ami qui avait terriblement envie de vous voir et voir votre film, et malgré mon dégoût pour vous et votre boulot, je l'ai tout de même accompagné à sa demande. Par amitié. Mais sans doute que vous ne savez pas ce que c'est, ça, l'amitié, vous autres grands acteurs. Dans ce monde, c'est chacun pour soi et à celui qui décrochera le plus gros cachet, le meilleur rôle ou qui fera le plus parler de lui au cours de l'année!"

Vraiment, il exécrait ce mec. Comme tous ceux de sa profession d'ailleurs. Voyant l'acteur sensiblement découragé, il sourit et en profita pour s'avancer vers lui, se plantant face à lui avant de ricaner, décidé à jouer un peu et lui faire peur.

"Je sens qu'on va bien s'amuser... tous seuls... rien que tous les deux..." murmura-t-il en lui lançant un regard lubrique.

"Enfermés? Quel est l'idiot qui rentre dans ce genre de pièce sans prendre son badge, hein? Et à ce que je sache, les téléphones portable, ça existe."

"Effectivement, je n'avais pas prévu que quelqu'un fermerait cette fichue porte... Je n'étais pas censé avoir besoin de ce badge. Et de mon portable non plus, c'est bien pour ça qu'il est dans ma loge."

"C'est une idée, et si nous devons effectivement passer la nuit ensemble,[...]Dans ce monde, c'est chacun pour soi et à celui qui décrochera le plus gros cachet, le meilleur rôle ou qui fera le plus parler de lui au cours de l'année!"

Hizumi soupira, se passant une main dans les cheveux. Il n'avait pas envie de discuter avec ce genre de personne, il voulait seulement rentrer chez lui et se reposer. Il reprenait sérieusement le boulot dans deux jours, avec un nouveau tournage, ce n'était pas le moment, vraiment pas...

"Je ne sais pas ce que vous avez contre les comédiens et les acteurs, j'ignore qui vous avez rencontré qui vous a donné cette impression, mais une fois encore, vous ne savez rien de ma vie, de ce qui m'a amené ici et de ce que je fais de mon temps libre. Alors gardez pour vous vos idées reçues et sortez donc votre téléphone portable, vous devez bien en avoir un, vous..."

Le garagiste s'avança vers lui, un sourire un peu étrange, presque un peu pervers aux lèvres, se plaçant en face de lui. L'acteur releva les yeux vers son visage, soupirant d'avance.

"Je sens qu'on va bien s'amuser... tous seuls... rien que tous les deux..."

Il ne voulait même pas chercher à comprendre ce qu'il insinuait. Vraiment pas. Il avisa un moment sa carrure, réfléchissant à qui des deux l'emporterait en cas de rapport de force. Il faisait régulièrement de la muscu et était franchement bien bâti mais lui aussi. Et il était garagiste, travaillant de façon physique tous les jours alors... Il n'était pas vraiment sûr de la réponse.

"Si vous le dites... Je compte surtout me reposer personnellement... Il fait froid mais j'ai besoin de dormir." répondit-il, un peu méfiant.

"Je ne sais pas ce que vous avez contre les comédiens et les acteurs, j'ignore qui vous avez rencontré qui vous a donné cette impression, mais une fois encore, vous ne savez rien de ma vie, de ce qui m'a amené ici et de ce que je fais de mon temps libre. Alors gardez pour vous vos idées reçues et sortez donc votre téléphone portable, vous devez bien en avoir un, vous..."

"Ce qui vous a amené ici? Certainement pas l'amour pour le métier, vu comment vous faisiez la gueule devant le public... Ce petit discours appris par coeur, sans aucune once de passion ou d'intérêt... et ces réponses à ces questions dépourvues de toute chaleur humaine... Franchement, c'était assez pathétique à regarder... Quant à mon téléphone, je l'ai oublié chez moi. C'est bête, hein?"

Il mentait. Son téléphone était dans la poche de sa veste, aussi Hizumi ne pouvait-il pas le voir, et en silencieux, ce qui ferait qu'il ne décèlerait pas sa présence. Mais même si cet homme l'énervait et lui inspirait à peu près tout sauf de la sympathie, il avait envie d'en savoir un peu plus. Il se proclamait différent des autres? On allait bien voir ça...

Il le vit le jauger du regard suite à ses dernières paroles, devenant soudainement plus méfiant. Il lui faisait peur? Bien...

"Si vous le dites... Je compte surtout me reposer personnellement... Il fait froid mais j'ai besoin de dormir."

"Qui parle de se reposer... Vous devez avoir tout un tas de fans qui fantasment sur vous, non? Mais... est-ce que vous avez déjà eu des fans masculins qui vous ont fait par de leurs envies..?

Il allait sûrement le prendre pour un psychopathe, mais tant pis. S'il pouvait lui foutre la trouille, ça égayerait sa soirée qui jusqu'à présent avait été des plus mornes. Et quand il en aurait marre, il sortirait son téléphone pour appeler à l'ade et rentrerait bien tranquillement chez lui pour passer une bonne nuit.

"Ce qui vous a amené ici? Certainement pas l'amour pour le métier, vu comment vous faisiez la gueule devant le public... Ce petit discours appris par coeur, sans aucune once de passion ou d'intérêt... et ces réponses à ces questions dépourvues de toute chaleur humaine... Franchement, c'était assez pathétique à regarder... Quant à mon téléphone, je l'ai oublié chez moi. C'est bête, hein?"

"Tout le monde ne peut pas être aussi à l'aise devant une caméra qu'un public..."

Il avait oublié son portable hein? Evidemment... Quelle idée de compter sur ce type pour le sortir de ce mauvais pas. Enfin, peu importe... Il s'était déjà fait une raison, il ne sortirait pas de cette pièce avant l'arrivée des équipes du matin.

"Qui parle de se reposer... Vous devez avoir tout un tas de fans qui fantasment sur vous, non? Mais... est-ce que vous avez déjà eu des fans masculins qui vous ont fait par de leurs envies..?"

Bizarre ce mec. Un instant il l'insultait, la seconde d'après il lui faisait des sous-entendus graveleux? Il avait un problème de personnalité? Parce que ça, Hizumi était plutôt calé sur le sujet, avec sa soeur...

"Certainement... Mais je n'y prête pas plus d'attention qu'aux messages féminins... Vous avez des questions un peu étranges, quand même."

Bon sang, pourquoi est ce qu'il n'avait pas pris ce foutu badge avec lui...

"Tout le monde ne peut pas être aussi à l'aise devant une caméra qu'un public..."

"Pourtant... les personnes qui font ce métier en général adorent qu'on les regarde... qu'on les admire, qu'on les loue..." fit remarquer le garagiste en ne quittant pas le comédien du regard.

Ce mec était définitivement bizarre. Rien à voir avec les acteurs normaux, qu'il avait déjà pu rencontrer ou croiser, ni tous ceux qu'il ne connaissait pas mais qu'il avait déjà pu voir à la télévision. Il semblait presque asocial, un peu comme lui. Paradoal pour un acteur, tout de même...

"Certainement... Mais je n'y prête pas plus d'attention qu'aux messages féminins... Vous avez des questions un peu étranges, quand même."

"Peut-être parce que je suis étrange... Vous ne me connaissez pas... Hizumi."

Il avait prononcé son nom d'une voix suave et s'était légèrement rapproché de lui, prenant bien garde à ses réactions. Il voulait s'amuser, mais pas non plus se faire tabasser, et de ce qu'il avait pu apercevoir de sa musculature, il n'était pas en reste et semblait parfaitement apte à le terrasser s'il le voulait. D'autant plus que Reita n'était pas vraiment un violent dans l'âme.

"Pourtant... les personnes qui font ce métier en général adorent qu'on les regarde... qu'on les admire, qu'on les loue..."

"Je vous ai déjà dit que aviez une vision biaisée de ce métier. Je ne suis pas comme ça. Loin de là."

"Peut-être parce que je suis étrange... Vous ne me connaissez pas... Hizumi."

Il le regarda s'avancer, toujours un peu méfiant. Il détestait qu'il empiète ainsi sur son espace vital et n'appréciant pas non plus le ton sur lequel il venait de prononcer son nom. Qu'est ce qu'il lui voulait au final? Ne pouvaient ils pas rester chacun d'un côté de la pièce en s'ignorant ?

"Vous non plus. Mais j'ai déjà suffisamment expérimenté pour être d'accord avec ça, vous êtes étrange. Rien qu'avec votre look..."

Ah, il avait prévu d'appeler l'hôpital ce soir... Sa soeur avait du subir de nouveaux examens dans la journée et il voulait savoir ce que ça avait donné. Mais à cause de ce type il était coincé ici, sans aucun contact avec l'extérieur...
Il poussa un profond soupir, se passant une main dans les cheveux. La nuit allait être longue...

"Je vous ai déjà dit que aviez une vision biaisée de ce métier. Je ne suis pas comme ça. Loin de là."

Reita savait bien qu'il ne fallait pas faire de généralités. Mais jusqu'à présent, il n'avait jamais rencontré personne qui démentent ses idées préconçues. Et ce type n'allait sans doute pas le faire changer d'avis de sitôt.

"Vous non plus. Mais j'ai déjà suffisamment expérimenté pour être d'accord avec ça, vous êtes étrange. Rien qu'avec votre look..."

Reita lâcha un petit rire à l'évocation de son look. Il savait très bien à quoi faisait allusion le brun et cela l'amusa. Aujourd'hui encore, il aimait voir les gens déconcerté par le fait qu'il cache son nez de la sorte. Il hésita un bref instant avant de finir par s'assoir aux côtés de l'acteur, appuyant sa tête contre le mur avant de fixer le plafond.

"Vous aussi, vous êtes bizarre. Qu'est-ce qui vous a amené à être acteur, alors? L'argent?"

Finalement, le garagiste vint s'asseoir à côté de lui. Bon, il préférait ça. Au moins, il avait cessé de le prendre de haut et de le toiser comme il le faisait jusqu'à présent. Là, ils étaient au même niveau.

"Vous aussi, vous êtes bizarre. Qu'est-ce qui vous a amené à être acteur, alors? L'argent?"

Hizumi soupira. S'il y avait bien une chose qu'il n'aimait pas, c'était parler de sa vie. Ses plus proches amis -enfin collègues, il ne pouvait pas vraiment dire qu'il avait de véritables amis- ne connaissaient rien de lui. Alors se dévoiler, même un tout petit peu à ce type... Et en même temps, peut-être qu'il cesserait de le juger, s'il en savait un peu plus sur sa vie.

"Le hasard. J'me suis retrouvé sur un casting alors que j'étais gosse. Je passais seulement par là et ils ont voulu me faire faire un essai. Ca leur a plu alors j'ai tourné le film. Et les suivants."

Il n'en dit pas davantage. Ils avaient toute la nuit, de toute façon, et Hizumi ne doutait pas que le blond parviendrait à le faire parler encore. Ils n'avaient rien d'autre à faire... L'acteur avait beau ne pas être un grand bavard, il n'allait pas rester sourd à ses questions.

"Le hasard. J'me suis retrouvé sur un casting alors que j'étais gosse. Je passais seulement par là et ils ont voulu me faire faire un essai. Ca leur a plu alors j'ai tourné le film. Et les suivants."

Reita fronça les sourcils. Il ne comprenait pas bien pourquoi il avait accepté de se lancer là-dedans s'il n'aimait pas spécialement la notoriété ni la foule.

"Mais si vous n'aimez pas spécialement ça... alors pourquoi avoir continué? Après votre premier rôle vous pouviez arrêter et faire autre chose, non? Qui vous aurait peut-être mieux correspondu, parce que je vous assure, tout à l'heure on aurait vraiment dit que vous vous faisiez chier quand on vous posait des questions!"

Il sentit le brun se détendre légèrement à ses côtés. L'agresser n'était sans doute pas une bonne idée. Ce type semblait plus exténué qu'autre chose à l'heure qu'il était. Reita le dévisagea un moment et ne put s'empêcher de remarquer une barre soucieuse barrer son front. Il avait des problèmes? malgré lui, le garagiste ne put s'empêcher de demander d'une voix un peu plus radoucie :

"Il y a quelque chose qui ne va pas? Vous avez l'air pensif et préoccupé..."

"Mais si vous n'aimez pas spécialement ça... alors pourquoi avoir continué? Après votre premier rôle vous pouviez arrêter et faire autre chose, non? Qui vous aurait peut-être mieux correspondu, parce que je vous assure, tout à l'heure on aurait vraiment dit que vous vous faisiez chier quand on vous posait des questions!"

"J'aime ça. J'adore être sur le plateau, j'aime jouer, changer de vie, être quelqu'un d'autre, apprendre un rôle, tourner. Ca me sort de mon quotidien, ça me permet de penser à autre chose et de m'évader. Je ne pourrais pas faire autre chose, j'ai besoin de ça. Mais je n'aime pas être en contact avec le public, ça me met mal à l'aise."

"Il y a quelque chose qui ne va pas? Vous avez l'air pensif et préoccupé..."

Le garagiste semblait s'être un peu radouci, sa voix n'était plus aussi agressive et il avait cessé de pousser Hizumi dans ses retranchements. Ce dernier s'était d'ailleurs un peu détendu, appréciant davantage cette conversation ainsi.

"Rien... J'avais quelque chose d'important à faire ce soir mais il faudra bien que ça attende demain..." soupira-t-il.

Il se tourna vers son voisin, qui lui paraissait tout de même un peu plus sympathique à présent.

"C'est quoi votre nom, au fait?"

"J'aime ça. J'adore être sur le plateau, j'aime jouer, changer de vie, être quelqu'un d'autre, apprendre un rôle, tourner. Ca me sort de mon quotidien, ça me permet de penser à autre chose et de m'évader. Je ne pourrais pas faire autre chose, j'ai besoin de ça. Mais je n'aime pas être en contact avec le public, ça me met mal à l'aise."

Reita l'écouta d'une oreille attentive. Le sortir de son quotidien? Le faire penser à autre chose et s'évader? Qu'est-ce qu'il pouvait bien vivre donc? Les gens de son secteur n'étaient-ils pas tous heureux? Il ne devait manquer de rien pourtant... Et s'il manquait de quoi que ce soit, l'argent devait pouvoir résoudre tous ses problèmes... Ou bien était-ce quelque chose que l'argent ne pouvait acheter? Il baissa les yeux sur ses mains. Il n'y trouva pas d'alliance, il n'était donc pas marié. Il aurait u avoir une femme, avec qui ça se passait mal en ce moment, des enfants, des soucis familiaux... mais il ne se sentait pas d'aborder ce sujet. Il ne le connaissait clairement pas assez pour oser aborder ce sujet avec lui.

"Rien... J'avais quelque chose d'important à faire ce soir mais il faudra bien que ça attende demain..."

"Ah... je suis désolé..."

Pour un peu, il se sentirait presque coupable. Peut-être devrait-il lui tendre son portable et mettre un terme à tout ça? après tout, il était fatigué et voulait rentrer il y a quelques minutes de ça, non?

Hizumi finit par se tourner vers lui et leurs regards se croisèrent. Ce fut bref, mais pourtant Reita put y déceler une pointe de tristesse au fond des yeux. Cet homme souffrait, même s'il essayait de ne pas le montrer.

"C'est quoi votre nom, au fait?"

"Oh, c'est vrai que je ne me suis pas présenté. Je m'appelle Reita."

"Ah... je suis désolé..."

"Bah, c'est trop tard maintenant... Vous aviez raison, j'aurais pu prendre ce foutu badge avec moi... Quelle idée de faire des portes qui ne s'ouvrent pas..."

"Oh, c'est vrai que je ne me suis pas présenté. Je m'appelle Reita."

Hizumi hocha la tête. Au moins, il pouvait mettre un prénom sur ce visage. Et puisque le blond ne se gênait pas pour des questions, lui aussi en avait :

"Puisqu'on en est aux confidences... Pourquoi ce bandeau? Je pensais que c'était pour travailler au départ, mais j'ai l'impression que ça fait partie de vous... C'est pas un look hyper commun..."

Et ça l'intriguait. Il avait l'habitude des costumes de scène, des jeux de costumes mais il n'avait jamais vu quelqu'un se balader avec un bandeau sur le nez, et pourtant, Dieu sait qu'au Japon, les styles étaient divers et variés !