Ruki

Ruki était né dans une famille très stricte, pour son plus grand malheur. Si quand il était enfant il s'en accommodait relativement bien et obéissait sans trop poser de questions ou chercher à désobéir, il en fut autrement une fois l'adolescence venue. Il ne supportait plus aucune forme d'autorité, surtout pas celle de son paternel, et c'est là que commença sa période de rébellion.

Ses notes étaient en chute libre. Les cours ne l'intéressaient pas, et il passait plus de temps à faire l'école buissonnière pour aller fumer et traîner en ville que sur les bancs de l'école. Il rentrait tard le soir, voire même ne rentrait pas du tout, trop occupé à arpenter des ruelles mal famées en compagnie d'un groupe de jeunes délinquants qu'il avait rejoint. Et s'il était punit par son tuteur et enfermé dans sa chambre, il n'hésitait pas à fuguer pour retrouver sa liberté -et emmerder ses géniteurs par la même occasion-.

De plus, il n'aimait pas tout ce qui était conventionnel et très vite il se forgea son propre look. Il commença les piercings, se teint les cheveux, porta des jeans troués et des chemises trop grandes pour lui au lieu de l'uniforme traditionnel. Et ceux qui avaient le malheur de vouloir se moquer de lui réfléchissaient à deux fois avant de recommencer. En effet, il avait beau être de petite taille, il n'en était pas moins hargneux et n'hésitait pas à dispenser des coups de poings à qui osait proférer une remarque désobligeante à son égard.

Ah, sa première fois? Dans les toilettes du gymnase du lycée. Ce jour là, il était particulièrement sur les nerfs et ressentait le besoin de fumer. Il était en manque cruel de nicotine, et cela n'était pas pour améliorer son humeur. Malheureusement pour lui, il avait terminé son paquet la veille au soir et n'avait plus d'argent pour en acheter. Ses parents ne lui ayant jamais donné le moindre centime, il se procurait des économies en volant ou rackettant, ce qu'il n'avait récemment pas eu l'occasion de faire, à son grand désarroi. C'est alors qu'un type du lycée -d'une classe supérieure il lui semblait- l'aborda et lui proposa un marché : trois cigarettes en échange de ses services. Ruki n'avait jamais été du genre grand romantique, et ne croyait absolument pas en cette chose appelée amour. Il avait bien déjà embrassé des filles, des garçons même, mais ce n'était que par jeu, curiosité et excitation, bien normale à cet âge là. Aussi ne réfléchit-il pas -le besoin pressant de sentir la fumée emplir ses poumons le taraudant- et il accepta la proposition sans état d'âme.

Deux heures plus tard, il était à genoux la tête entre les cuisses d'un autre élève pour trois nouvelles cigarettes.


Bien évidemment, il se fit renvoyer de bon nombre d'établissements. Et un beau jour, ses parents, ne supportant plus cette vie dissolue et de débauche, le mirent à la porte sans ménagement. A la rue, sans argent, il alla squatter chez un ami le temps de se retourner. Il commença par arrêter ses études, cela ne le mènerait à rien de toute manière. Il se mit éventuellement en quête d'un petit boulot même minable, de quoi pouvoir au moins louer une chambre et manger. Mais qui embaucherait un jeune yankee aux cheveux décolorés, drogué, insolent et bon à rien? En désespoir de cause, il fit alors ce qu'il savait faire le mieux, proposer son corps contre rémunération sur les trottoirs des bas quartiers. Après tout, cela ne le dérangeait pas, et il s'était rendu compte qu'il aimait le sexe et découvrir de nouvelles sensations en fonction de ses différents partenaires.

Un beau jour, ses pas le menèrent jusqu'au Velvet. Il avait bien déjà entendu parler de l'établissement, mais celui-ci jouissait d'une certaine renommée et il ne pensait pas avoir ses chances. Mais il était toujours sans réel domicile fixe et gagnait une bien maigre pitance à faire le tapin les soirs. Au moins ici, il serait logé et nourri. Et il ne perdait rien à essayer. Revêtu de sa plus belle tenue pour l'occasion -cuissardes à talons aiguilles, bas résilles, mini short, chemise vaporeuse ouverte sur sa peau laiteuse, de long gants noirs venant compléter la panoplie- il pénétra à l'intérieur du bâtiment et demanda à avoir un entretien avec le directeur.

Huit ans plus tard, il n'en était toujours pas ressorti.

Ruki aime le sexe, et il ne s'en cache pas. Il aime prendre du plaisir, en donner, qu'on se serve de son corps comme d'un objet sexuel. Plus on lui murmure des mots obscènes à l'oreille, plus il prend son pied.
L'amour, il n'y croit pas. Il considère les relations comme des arrangements ou chacun y trouve son compte. Le romantisme, il ne connait pas non plus.
Il est d'un naturel très franc et direct. Si quelque chose ne va pas, il le dit sans passer par quatre chemins. C'est aussi quelqu'un qui ne mâche pas ses mots. S'il ne t'apprécie pas, mieux vaut passer ton chemin. S'il t'a à la bonne, alors il peut être un compagnon de discussion plutôt agréable.
Avec le temps, il a aussi acquis des goûts de luxe. Il a pour principe de ne jamais refuser les cadeaux qu'on peut lui faire. Et il pourrait même lui arriver d'en réclamer s'il est d'humeur capricieuse.