Tsubasa

Tsubasa avait tout pour être heureux. Une famille aimante, des amis, des études dans l’école qu’il convoitait. Malheureusement, tout bonheur est éphémère.

Depuis tout petit, il avait toujours été couvert d’amour par ses parents. Bon élève, gentil, adorable comme tout, il était généralement apprécié de tous et faisait la fierté de ses parents. Une fois son diplôme en poche à la sortie du lycée vint le temps où il dut choisir ses études futures et construire son avenir. Depuis de nombreuses années, son rêve était d’intégrer une des plus prestigieuses écoles de stylisme de Tokyo. Malheureusement, si ses notes et son dossier lui permettaient de prétendre candidater, les frais de scolarité étaient extrêmement élevés, atteignant les 1 250 000 yen.

Ayant en vue cet objectif, il s’était trouvé des petits boulots dès sa première année de lycée pour tenter d’économiser un maximum. Malheureusement, il était encore loin du montant nécessaire. Touché par la tristesse et la déception de voir le rêve de leur cher fils s’évanouir, ses parents, de condition très modeste, n’hésitèrent pas à s’endetter pour pouvoir lui permettre de poursuivre dans la voie qu’il souhaitait. C’est donc rempli de reconnaissance envers ses géniteurs qu’il put malgré tout intégrer son école et suivre le cursus.

Mais si tout semblait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes, cela ne dura qu’un temps. Alors qu’il était en plein milieu de sa troisième année, son père tomba gravement malade. Il perdit son travail et il devint alors impossible pour eux de rembourser les dettes qu’ils avaient contractées en aidant Tsubasa à financer sa formation, d’autant plus qu’ils durent faire face à des frais d’hospitalisation et de convalescence.

Complètement désemparé, Tsubasa –qui continuait de travailler à mi-temps pour rembourser ses parents, ne voulant pas les laisser tout assumer à sa place alors qu’ils n’en avaient pas les moyens – se mit alors à enchaîner les petits boulots, travaillant dès qu’il avait un moment de libre jusqu’à épuisement dans l’espoir de gagner de quoi tout payer. Mais même ainsi, cela ne suffit pas. Complètement désespéré, il en était à se demander s’il ne ferait pas mieux de tout abandonner et de se chercher un vrai travail qui lui apporterait une rémunération plus conséquente que son accumulation de jobs. Prêt à tout pour pouvoir aider ses parents, il en vint alors à penser à une activité qu’il était loin d’approuver et qu’il avait toujours trouvée dénigrante : la prostitution. Il n’avait lui-même aucune expérience dans ce domaine, les jeunes filles le trouvant en général bien trop mignon et grand enfant à leur goût. Elles préféraient un homme digne de ce nom, et s’il faisait un ami parfait, ce n’était pas le cas pour un amant. Et à vrai dire, cela l’arrangeait car il n’aurait pas su comment réagir si une fille venait lui avouer ses sentiments, car – il n’en était pas sûr cependant – il lui semblait éprouver un peu plus d’attirance pour les beaux garçons que pour les belles filles.

Il s’était donc renseigné sur ce métier, cela lui prendrait quelques heures par nuit, et il pourrait gagner de bonnes sommes si ses services étaient à la hauteur. Prenant son courage à deux mains, il était allé un soir à la rencontre de ces dames du métier après s’être préalablement informé pour savoir dans quel quartier les trouver. Il les aborda sur le trottoir, tout timide et rougissant, leur demandant quelques informations sur la manière de rentrer dans ce métier, où il fallait s’inscrire, quelles conditions remplir et toutes sortes de questions bien naïves. Certaines l’envoyèrent gentiment promener, argumentant qu’il était bien trop mignon et doux pour pouvoir faire ce genre de métier et qu’il le regretterait sûrement. Enfin, l’une d’entre elles l’informa qu’il existait un lieu spécialisé dans ce domaine, et qu’il pourrait toujours aller demander des conseils là-bas, ils seraient plus à même de l’aider. C’est ainsi qu’il reparti avec l’adresse du Velvet.

Le lendemain soir, il se rendait à la maison de passe. Avec hésitation, les joues rouges de honte à l’idée de vendre son corps, il poussa la porte de la bâtisse et s’avança jusqu’au bar pour tenter d’avoir un rendez-vous avez un responsable quelconque –il n’y connaissait rien quant au fonctionnement de ce genre d’établissement – et par chance, il fut reçu par le directeur lui-même quelques instants plus tard.

Yoshiki avait plutôt eu pitié de son histoire et perçu sa détermination dans ses yeux plutôt qu’il n’avait décelé chez lui des talents d’homme de plaisir. Il était mignon, il fallait l’avouer. Et certains clients préféraient parfois avoir un homme adorable à souhait à câliner avec un semblant de douceur plutôt qu’une chienne en chaleur à leurs côtés. Il espérait donc qu’avec sa motivation et les bons conseils de ses protégés les plus aguerris il pourrait en faire une prostitué acceptable. Aussi accepta-t-il de lui donner sa chance.

Tsubasa est quelqu’un de très gentil et très doux, le visage toujours épanoui et souriant, qui ne se met pour ainsi dire jamais en colère. Un peu naïf et innocent, ayant grandi bercé par une atmosphère aimante et protectrice, il ne connait pas réellement le côté mauvais, manipulateur et bestial de l’homme et pourrait facilement être démuni et fragile face à ça.
Grand romantique dans l’âme, il rêve du prince charmant qui saura emprisonner son cœur et le couvrir d’un amour sincère qu’il lui rendra au centuple.